Le Val des Ombres
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilRechercherDernières imagesPartenairesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

 

 Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? Empty
MessageSujet: Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?   Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? EmptyJeu 8 Mai - 2:59

Le vent soufflait avec violence, soulevant les longs cheveux noirs de la jeune femme à chaque bourrasque, les envoyant parfois flotter derrière elle, et parfois s'égarer devant ses yeux. Elle ne prenait même plus la peine de les écarter, ils ne pouvaient de toute manière pas tenir en place dans la tourmente. Le climat de la région n'était guère clément, et cela convenait parfaitement bien à Selena. Cette île minuscule au large de l'Antarctique n'avait pas été choisie par la responsable de l'Orgueil au hasard. Si toutefois on pouvait dire qu'elle l'avait choisie. En vérité, si elle pouvait apprivoiser cet endroit inhospitalier, ce n'était que grâce au concours de son père, mort depuis des années. Mort en laissant à sa famille sa fortune et toutes ses possessions... dont une ou deux retraites en cas de coup dur. Si sa mère avait laissé ses affaires tomber dans l'oubli par crainte des représailles, cela ne les empêchait pas d'avoir gardé quelques avantages. Dont cet endroit dont Selena avait apprit l'existence durant ses années de collège. Son père était un homme prudent. Il avait prit ses précautions au cas où il devrait disparaître un jour et s'était fait construire un manoir dans cet endroit perdu. La jeune femme ne pouvait que l'en féliciter. Même si en fin de compte il n'avait pas sut reculer quand il le fallait. A cette pensé elle haussa légèrement les épaules. C’était dommage, mais ce n’était pas son affaire. Elle ne l’avait pas connu, mais pour ce qu’elle en savait ils avaient des traits en commun. Elle non plus ne savait pas quand baisser la tête pour se sauver. La preuve en était sa présence ici alors qu’elle aurait dû se trouver à des milliers de kilomètre de là, dans l’Ecole du Flux. Ce simple fait la mettait en danger. Il aurait été tellement plus simple de faire comme les autres professeurs, de vivre là-bas, nourrie, logée, et n'en faisant malgré tout somme toute qu'à sa tête. Elle avait tenu ainsi pendant quelques temps. Quelques jours après la rentrée, en agissant comme elle le voulait, en n'obéissant en aucun cas à ce que décrétait Caliban. Dans le fond, ce n'était pas si mal. En toute logique, cela pouvait suffire à n'importe qui de suffisamment fort pour savoir s'accommoder et se faire respecter des élèves et collègues. Seulement, elle ne pouvait ni ne voulait se cacher la vérité à elle-même. Comment se regarder dans une glace en sachant pertinemment qu'elle acceptait la domination de quelqu'un ? Cela lui était impossible... simplement. Aussi elle faisait ce qu'elle pouvait pour s'échapper. Se rebeller, à sa manière. Et si cela finissait par se retourner contre elle... elle n'aurait qu'à affronter ce qu'elle avait déclenché. Cela lui semblait évident, et en vérité depuis le début de sa retraite elle s'attendait à chaque instant à voir quelqu'un arriver pour la ramener de force. Et pourtant, rien n'était encore arrivé. Et elle en profitait, autant qu'elle pouvait.

Un instant la jeune femme leva la tête vers le ciel, l'expression impassible. Comme si elle avait entendu quelque chose à travers le rugissement du vent. Comme si... sans préavis elle reporta son regard droit devant elle, se repérant malgré le bouillonnement de la neige tout autour d'elle. Le chemin sous ses pieds était en pente, car la bâtisse qu'elle habitait surplombait l'île, adossée à un grand piton rocheux. Tout le paysage environnant était ainsi ; désertique, aride, le plus souvent couvert d'une épaisse couche de neige. Cela lui allait à ravir. Elle était seule... entièrement seule. Ou presque. Selena resserra légèrement sa prise sur le sac qu'elle tenait coincé entre son bras et elle. Malgré tout, il fallait bien avoir des contacts avec le monde réel de temps à autre, simplement pour pouvoir subvenir à des besoins de base comme se nourrir. Mais son père n'avait véritablement pas fait les choses au hasard. Heureusement. On n'arrivait pas dans la position à laquelle il était parvenu à se hisser en étant un parfait imbécile. Il suffisait de descendre une pente et de contourner une falaise pour arriver à une station permanente de recherches scientifique. Animalières, autant qu'elle pouvait en juger. Des baleines, d'après ce qu'elle avait compris. Elle avait noté ces informations sans y penser, comme cela lui arrivait souvent, bien qu'elles ne lui soient d'aucune espèce d'intérêt. C'était une habitude prise longtemps auparavant qui l'avait aidée en de nombreuses occasions. En tous les cas, elle arrivait à faire transiter ce dont elle avait besoin via les personnes travaillant dans la station. Elle avait très largement de quoi les payer, et la crainte que leur inspirait son pouvoir suffisait à les dissuader de poser la moindre question. Oui, en vérité tout était très simple. Mais elle avait tout à fait conscience du fait que cela ne pouvait pas durer. Et manoeuvrer à l'aveuglette contre Caliban pouvait s'avérer dangereux. Elle n'était pas sans ignorer qu'il avait des relations haut placées. Et l'expression était encore bien trop faible. Mais Selena coupa court à ces réflexions. Elle y avait déjà suffisamment pensé. Elle savait ce qu'elle faisait en venant ici ; elle le défiait et s'attirait son courroux, sans que cela ne lui apporte en fait aucun avantage. Ou du moins... aucun avantage reconnaissable en tant que tel. Peut-être même que la démarche pouvait paraître idiote. Ou peut-être que cela n'était qu'un jeu pour elle. Un jeu dans lequel elle risquait sa vie, testait les limites de son adversaire... peut-être n'était-ce qu'une façon de rompre l'ennui, ou de rappeler à tous qu'elle tenait à sa façon de penser et que si quelque chose lui déplaisait elle agissait. Probablement tout cela à la fois. Rien n'était aussi important qu'elle-même, aussi il était impensable qu'elle puisse se parjurer en restant docile.

Un léger sourire vint flotter sur les lèvres de Selena. C'était ainsi qu'elle s'amusait. C'était une des rares choses pouvant encore retenir son attention, du moins parmi les humains. Sinon, au manoir, elle passait ses journées à lire et écouter de la musique. Les occupations n'étaient pas nombreuses dans un endroit aussi désert, mais cela lui convenait. Après tout, dans le fond, elle n'avait pas besoin d'autre compagnie qu'elle-même... et elle pouvait rester durant des heures simplement perdue dans ses pensés. Comme en cet instant tandis qu'elle retournait chez elle avec ses provisions dans les bras. La jeune femme passa la grille du manoir en la refermant derrière, aussi inutile cette précaution soit-elle. Selena n'avait pas peur d'être agressée ou quoi que ce soit d'autre, car son pouvoir était amplement suffisant pour décourager n'importe quelle personne normale de l'approcher, mais c'était simplement une manière supplémentaire de s'isoler du reste du monde. Symboliquement, du moins. Les pas de la responsable de l'orgueil crissaient dans la neige tandis qu'elle montait les marches du perron. Le manoir était élégant, somme toute assez petit mais amplement suffisant pour une personne seule. Il lui convenait. En vérité elle ne s'attachait pas réellement aux contraintes matérielles. Elle n'avait pas changé beaucoup de choses dans la décoration depuis qu'elle était arrivée. Les choses lui convenaient telles qu'elles étaient ; simple, sobres. Selena allait poser la main sur la porte pour la pousser lorsqu'elle suspendit son geste. Lentement, la jeune femme retourna en arrière, la tête levée vers le ciel, les yeux légèrement plissés pour tenter de percer le tourbillon de la neige. Cette fois, elle en était sûre. Elle avait entendu le bruit caractéristique des pales d'un hélicoptère. Ainsi, c'était fini. L'expression de la responsable de l'Orgueil resta impassible tandis qu'elle reprenait ses occupations comme si de rien n'était. Il était hors de question de se cacher ou fuir. Cela ne lui ressemblait pas. D'ailleurs dans son esprit son départ de l'Ecole n'avait rien à voir avec une fuite. La démarche qui l'avait poussée à partir avait été on ne peut plus simple. Elle en avait eu envie et n'avait pas vu de raison suffisante pour l'en empêcher. Et maintenant... elle avait appelé ce résultat. Restait à voir à quel point elle avait réussit. Jusqu'où cela irait. Un léger sourire passa sur les lèvres de Selena tandis qu'elle posait son paquet sur la commode de l'entrée. Oui, cela l'intéressait, ce qui était une chose extrêmement rare. Mais il y avait de quoi. Simplement parce qu'elle pouvait en mourir.

Le regard sombre de Selena passa un instant sur la porte, mais elle s'en détourna rapidement en enlevant son long manteau noir. Le froid du dehors ne perdait pas de temps pour s'infiltrer dans le manoir, mais cela n'avait guère d'importance. Bien moins que le fait qu'elle veuille montrer qu'elle savait bien que quelqu'un arrivait et qu'il n'avait qu'à entrer. Elle l'attendait, là était le message. Même si on venait la chercher il lui était impossible de ne pas se donner l'apparence de maîtriser la situation. Alors qu'elle était en position de faiblesse. Tranquillement, la jeune femme s'avança dans le couloir de l'entrée qui débouchait directement dans le salon et s'assit dans un des fauteuils, à côté de la cheminée dans laquelle des cendres rougeoyaient encore. Si elle avait laissé la porte d'entrée ouverte, il n'en allait pas de même avec celle du salon. Il fallait bien se protéger un tant soit peu du froid. Et ensuite... il n'y avait plus qu'à attendre. A nouveau le visage de la jeune femme était inexpressif. Elle était suffisamment lucide pour sentir que son coeur battait un peu plus rapidement qu'à l'accoutumé. Elle pensait que les choses seraient intéressantes, oui... mais elle n'était pas sans savoir que cela pouvait s'avérer dangereux. Que Caliban soit venu en personne ou non. Caliban... une des seules personnes réussissant réellement à l'atteindre. Il ne la blessait pas mais fissurait son calme et laissait apparaître la colère enfouie au fond d'elle-même. C'était suffisant pour qu'elle le haïsse. Et cela... pour la simple raison qu'il possédait des moyens de pression contre elle. Qu'il prétendait avoir un ascendant sur sa vie. C'était à lui et à personne d'autre qu'elle avait pensé en partant de l'Ecole. Et si c'était lui qui venait la chercher... la jeune femme laissa son regard errer sur un tableau accroché au mur en face d'elle. Il n'y avait qu'à attendre, les réponses viendraient bien assez tôt.
Revenir en haut Aller en bas
Caliban Leviaz
Envie ~ Directeur

Envie ~ Directeur
Caliban Leviaz


Nombre de messages : 1050
Age : 36
Localisation : Dans son labo, dans son bureau... des endroits comme ça.
Métier ou année d'étude : Directeur et Professeur responsable de l'Envie.
Date d'inscription : 30/12/2007

Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? Empty
MessageSujet: Re: Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?   Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? EmptySam 10 Mai - 12:16

Caliban Leviaz était énervé. Vous allez me dire que c'était un état qui lui était presque constant, mais là, disons qu'il avait toutes ses raisons de l'être.

Tout d'abord, cela faisait des heures qu'il ruminait sa rage en conduisant son bel "hélicoptère", seul, ignorant visiblement la fatigue et la faim. De temps en temps, il passait en pilote automatique, le temps de prendre un café, ou de dévorer un petit morceau de pain. Rien de suffisamment consistant, cependant. Des enregistrements de concerts de musique classique lui servaient d'unique présence durant son voyage. Et tout ceci lui permettait un peu trop facilement de réfléchir.

Selena Rhyn, l'Orgueil, était quelqu'un qu'il n'appréciait pas, et il n'était pas bête au point de ne pas se rendre compte que c'était réciproque. Leurs Péchés étaient opposés et cela se sentait dans leurs rapports : il ne pouvait pas la voir, il ne pouvait qu'à peine l'écouter - quand elle se permettait de lui parler, ce qui, fort heureusement, était rare - , et collectionnait une quantité de reproches envers elle. Peut-être que sa capacité à la diriger lui aurait été agréable et bénéfique, mais voilà : Selena ne se laissait pas faire.

Quand elle était partie, et qu'il s'en fut rendu compte, il n'avait pas cherché à courir après elle. Après tout, Caliban n'en avait rien à faire de cette femme, et une simple demande à la F.I. lui aurait permis de la retrouver. Pour l'instant, cela lui faisait des vacances. Et puis quelques facteurs lui donnant envie de revoir son point de vue étaient arrivés dans l'histoire de l'Ecole du Flux : les cyborgs, surtout. Il fallait bien quelqu'un qui, à défaut de les avoir créés, avait trahi leur présence. Selena aurait très bien pu le faire : elle n'avait aucun attachement au Val, et préférait tous les voir mourir. Le Directeur était d'ailleurs fort conscient de l'emprisonner plus qu'autre chose.

L'Orgueil était donc un excellent suspect. Leur seule haine commune pourrait soulever ce genre d'actes, il savait très bien que cette femme n'avait pas un rapport normal avec les autres êtres humains - ce à quoi nous pourrions répliquer au Directeur qu'il avait le même défaut, mais bon... - et qu'elle pouvait être capable de demander à ce qu'on lance une bombe dans les élèves. Mais bon, ce n'étaient là que des suppositions, et il n'avait aucune preuve de la culpabilité - en tant que tête pensante des derniers événements, ou en tant que traître - de Selena.

Dans le cas où, par un pur hasard, elle n'avait strictement rien à voir avec la situation actuelle de l'Ecole, il fallait s'avouer que... que voilà : il avait besoin de tout le monde, même d'elle. Cela ne pouvait que le mettre plus en colère, bien sûr, que de savoir qu'elle était utile dans une telle occasion. Il soupira devant son tableau de bord : il préférerait encore la savoir traître que de devoir dire qu'il avait besoin qu'elle revienne. Dans tous les cas, il sentait d'avance qu'il allait utiliser comme il le fallait son pouvoir sur elle. Pas question de lui donner un choix.

Pour la retrouver, donc, il avait lancé une recherche à la F.I. Le travail était simple : il fallait simplement trouver les bons contacts, ils n'avaient même pas besoin de se déplacer. Caliban avait même orienté la recherche vers des endroits reculés. Puis il avait reçu les résultats. Elle s'était déplacée jusqu'en Antarctique. Il partit. Et le voilà. Il la vit sur le blanc du paysage, atterrit, vit la porte ouverte.

Le Directeur portait un manteau lourd et chaud, qui dissimulait une arme de sa conception. Il avait troqué ses lunettes habituelles contre celles, rondes, électroniques et bombées, qui lui servaient en missions où il risquait de se battre. Après tout, si Selena était réellement une traîtresse, il fallait s'attendre à être reçu d'une manière peu agréable. Il entra, tapant ses bottes l'une contre l'autre pour ne pas mettre trop de neige dans l'entrée, ferma derrière lui, puis jugea d'un regard les portes qui s'offraient à lui, dans la demeure. A vrai dire il n'y en avait qu'une, ce qui l'empêcha de partir dans le mauvais sens. Il la poussa.

Bon, Selena était seule - comment aurait-il seulement pu imaginer cela autrement ? - , installée dans son salon, semblant aussi bien l'attendre, que se moquer royalement de sa présence. Voilà, il l'avait à peine regardée qu'il avait déjà envie de la tuer sur le champ. Caliban secoua la tête à sa propre pensée, puis se dirigea vers un fauteuil, où il s'assit.


-Professeur Rhyn, bonjour... Comment allez-vous depuis tout ce temps ?

Autant commencer par les bonnes manières, même s'il l'assassinait du regard...
Revenir en haut Aller en bas
https://val-des-ombres.forumsrpg.com
Invité
Invité




Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? Empty
MessageSujet: Re: Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?   Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? EmptyDim 11 Mai - 1:12

Le tableau représentait très visiblement un manoir semblable à celui qu'elle habitait ces derniers temps, seulement le paysage autour était totalement différent de ce à quoi elle était habituée. Ce n'étaient pas des rochers désolés mais des arbres qui s'élançaient haut dans le ciel, et en lieu et place de l'océan tumultueux il n'y avait qu'un grand lac noyé dans la brume. On pouvait deviner une barque au loin, avec à sa tête une lanterne perçant tant bien que mal les ombres du crépuscule, mais c'était tout. Pas la plus petite lueur s'échappant du bâtiment, et à vrai dire on aurait eu beaucoup de peines à dire si l'embarcation s'en approchait ou au contraire le fuyait. Au loin on distinguait bien quelques montagnes, mais là encore tout était noyé dans le brouillard. Où était-ce ? Elle n'en savait rien. Nul part, peut-être. Ou peut-être pas. Dans un cas comme dans l'autre cela ne revêtait aucune espèce d'importance, même si quelqu'un de plus prompt qu'elle à se monter la tête aurait sans doute pu imaginer de nombreuses histoires à ce sujet. Il n'y avait pas de quoi, ce n'était qu'un paysage un peu lugubre. Pouvant, si elle s'y intéressait vraiment, lui apprendre des choses sur le précédent occupant de la maison, son père ? Peut-être. Et alors ? Elle n'en avait jamais ressentit le besoin au-delà de l'aspect pratique de l'influence qu'il avait eu de son vivant. Ce n'était pas maintenant que cela allait changer. Un sourire narquois passa un instant sur les lèvres de la jeune femme. L'idée que la confrontation qui se profilait à l'horizon pouvait être dangereuse l'amenait-elle donc à penser à des gens morts et enterrés depuis longtemps ? Selena secoua légèrement la tête dans la solitude de son salon pour chasser ces idées. Un peu plus de concentration serait la bienvenue pour affronter ce qui arrivait. Si généralement elle n'en avait pas réellement besoin pour les joutes verbales, si elle pensait souvent à d'autres choses en même temps, il n'en allait pas toujours de même si les choses... dégénéraient. Un instant ses yeux se baissèrent sur ses mains fines posées délicatement sur ses genoux, puis elle entendit des pas dans le couloir et reporta du même coup son regard sur le tableau. Lui faire savoir qu'elle l'attendait et pourtant ne pas en avoir l'air. Comme si une fois de plus tout ceci n'était qu'un jeu. Et était-ce réellement autre chose pour cette femme ?

Lorsqu'il entra dans la pièce Selena ne fit pas un mouvement, ce qui ne l'empêcha pas de reconnaître sa haute silhouette du coin de l'œil. Caliban Leviaz. Elle n'aurait pas pu espérer mieux... car cela n'aurait pas pu être pire. Le léger sourire sans joie habituel de la jeune femme naquit à nouveau sur ses lèvres tandis qu'elle levait les yeux vers le nouveau venu. Son regard passa rapidement sur sa tenue pour finalement s'arrêter sur son visage, sans que cela ne l'empêche toutefois de faire attention à ce qu'elle voyait. Rien de véritablement intéressant en vérité. Des bottes, un manteau chaud, ce qui n'avait rien d'étonnant dans cette partie du globe, et c'était tout. Ou presque. Il y avait bien ses lunettes, différentes de celles qu'il portait habituellement, légèrement intrigantes. Mais dans le fond cela ne changeait pas grand chose. Il en allait de même pour l'éventualité qu'il ait une arme sur lui ; que ce soit le cas ou non ne modifiait pas les enjeux de leur entretien. Il n'avait certainement pas besoin de cela pour avoir le dessus sur un plan physique. Il emportait son pouvoir partout avec lui, évidemment. Son pouvoir... intérieurement elle se crispa à cette pensé, sans pour autant que le moindre de ses muscles ne réagissent. C'était un moyen de les contrôler, tous autant qu'ils étaient. Selena n'aimait pas s'inclure dans une catégorie de la sorte, mais il fallait bien admettre que les choses étaient ainsi. Il pouvait agir sur eux grâce au " cadeau " qu'il leur avait fait... ce cadeau empoisonné. La jeune femme détestait que quelqu'un d'autre qu'elle puisse agir sur elle... bien entendu. Mais maintenant elle ne pouvait plus rien y faire. Depuis le moment où elle avait accepté de le suivre elle avait scellé son destin. Il y aurait eu matière à s'en vouloir, mais les regrets étaient inutiles. A la place elle se contentait de le haïr. Et de se faire haïr. Les choses auraient sans doute pu être totalement différentes... comme dans des milliers de situations. Elle aurait pu prendre sur elle et faire semblant de l'apprécier à sa juste valeur. Car après tout, il n'était pas totalement dénué de tout mérite.

Mais non. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, et elle n'avait pas décidé d'adopter cette attitude, même si elle en avait la capacité. En cela elle s'était toujours montrée étonnamment franche. Que fallait-il voir en cela ? Peut-être une obscure marque d'un intérêt quelconque. Par le simple fait qu'il soit capable d'être détesté par la jeune femme il s'était déjà démarqué de la bouillie inintéressante que constituaient d'ordinaire les gens à ses yeux. Mais cela ne lui apportait pas grand chose, et ne voulait pas non plus dire qu'elle irait jusqu'à regretter son absence. Cependant, c'était malgré tout une donnée non négligeable, avec laquelle il fallait compter. Il pouvait légèrement craqueler l'épais vernis qui la recouvrait et obtenir une réaction de sa part. Et même si cette réaction n'était qu'intérieure, c'était déjà beaucoup pour elle. Et tout en ayant une sainte horreur de cela, elle ne pouvait s'empêcher de toujours trouver ces conflits... intéressants. Elle sourit intérieurement. Evidemment que ces situations éveillaient en elle un certain intérêt... puisque dans une certaine mesure elles lui permettaient de se voir en action. Qui pouvait être plus passionnant pour la responsable de l'Orgueil qu'elle-même ? Personne. Absolument personne. Voilà ce que la jeune femme pensait tout en suivant des yeux Caliban, en apparence parfaitement sereine. Il cachait moins bien qu'elle le fond de sa pensé. Enfin... si toutefois il essayait de la dissimuler. Pourquoi faire, après tout ? Ils étaient tous les deux parfaitement au courant de la haine réciproque qu'ils se vouaient. Oui... et pourtant comme souvent Selena ne montrait que de la courtoisie. Simplement parce qu'elle savait qu'à la lumière de ce qu'il savait et de son air noir cela ne pouvait que l'ennuyer.

Et pourtant lorsqu'il parla elle sentit un nuage noir passer sur son cœur. Une brusque impression de colère froide, déclenchée par la simple utilisation du mot " professeur ". Elle ne savait pas s'il en avait conscience ou non, mais cela ne manquait pas de lui rappeler qu'il était le directeur et elle.... Selena chassa ces pensés. Obéir à quelqu'un lui était tout simplement insupportable. Il n'y avait aucune raison de s'appesantir là-dessus. Surtout alors que sa présence ici l'amusait autant. Elle n'était pas sans ignorer qu'il avait probablement beaucoup de travail qui l'appelait ailleurs. Et pourtant il était venu jusqu'en Antarctique. La jeune femme sourit intérieurement. Dans ce cas, il fallait bien l'accueillir, n'est-ce pas ?

" Monsieur Leviaz... c'est un plaisir de vous voir. "

Une pause, un sourire. Bien sûr. Un plaisir. Personne n'était dupe, mais sa haine n'était pas visible sur son visage, et elle aussi savait user de courtoisie et autres bonnes manières. Elle n'avait quasiment pas bougé depuis qu'il était arrivé, ses mains gantées toujours posées sur ses jambes croisées, son visage seulement suivant ses déplacements. Après tout, peut-être qu'il s'agissait bien d'un plaisir pour elle. Mais pas d'une manière habituelle. En tout cas elle ne semblait nullement perturbée par son regard assassin. Comme si elle ne s'en rendait même pas compte, comme s'il glissait sur elle sans toutefois pouvoir jamais l'atteindre. Après tout, elle était loin de tout cela, loin de toutes ces personnes qui n'en valaient pas la peine. Peut-être que cela aussi pouvait l'agacer. C'était un risque à prendre quand on aimait jouer avec le feu comme elle le faisait avec l'air de ne pas y toucher.

" Je vais bien, merci. Et vous ? Vous avez l'air... "

Enervé. Dans une fureur noire, de vouloir la tuer.

" ... fatigué. "

Elle disait cela avec désinvolture, et c'est de la même façon qu'elle se leva lentement, gracieusement, ses longs cheveux noirs balayant son dos pour aller contourner le canapé et s'approcher d'une armoire appuyée contre le mur du fond. Selena l'ouvrit tranquillement, ses yeux sombres parcourant les étagères d'un air pensif. De nombreuses bouteilles d'alcool venant du monde entier s'alignaient là vers le haut, tandis qu'en bas c'était la collection de verres qui s'offrait à sa vue. Visiblement son père s'était préparé pour rendre le séjour agréable en cas de besoin. Elle se détourna à demi du haut rangement en bois ancien pour jeter un regard à Caliban.

" Vous voulez quelque chose à boire, peut-être ? Le voyage a dû être long. Vous êtes bien loin du Val... "

Elle continuait sur le même ton, se comportant en parfaite hôtesse. Et pourtant... Selena soupira intérieurement. Pourquoi ne pas avoir essayé de le tuer ? Pourquoi ne pas essayer de le faire, maintenant ? Et surtout, pourquoi se poser une question à laquelle elle connaissait déjà la réponse ? Parce que ce serait trop facile. Parce que même si elle y arrivait... à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et pourtant, ce n'était pas rien. En ce cas, jusqu'où voulait-elle tirer sur la corde ? Elle n'était pas prudente. Ou du moins... pas totalement. Elle n'avait cependant pas oublié les règles élémentaires. Dans le fond, elle était sur la défensive. Elle attendait que Caliban fasse le premier pas pour réagir, se demandait de quelle façon il allait aborder les choses. Ensuite, elle aviserait. La responsable de l'Orgueil avait confiance en sa capacité à réagir. Trop confiance ? Pas d'après elle, en tout cas.
Revenir en haut Aller en bas
Caliban Leviaz
Envie ~ Directeur

Envie ~ Directeur
Caliban Leviaz


Nombre de messages : 1050
Age : 36
Localisation : Dans son labo, dans son bureau... des endroits comme ça.
Métier ou année d'étude : Directeur et Professeur responsable de l'Envie.
Date d'inscription : 30/12/2007

Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? Empty
MessageSujet: Re: Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?   Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? EmptyMer 4 Juin - 18:25

Il ne la supportait pas, et cela lui faisait encore plus mal de se dire qu'il avait besoin d'elle, pour s'occuper de son Ecole. C'était aussi simple que cela. Il y avait cette femme, ici, face à lui, et à elle seule elle motivait de tels éclats de haine, que cela en devenait dangereux. Elle était, au final, tout ce qu'il aurait voulu être, tout ce qu'il jalousait : de la confiance en soi, à cette impression que ce n'était pas totalement injustifié, que de se mettre sur un piédestal. Après tout, Selena rayonnait d'une telle aura, aux yeux du Directeur, qu'il ne pouvait que ressentir avec elle cette puissance qu'elle possédait. Etre l'Envie n'était pas une bonne chose, pas dans tous les cas.

Oh, bien sûr, il réagissait différemment selon les Péchés, et selon les personnes. Si sa relation avec Eva ne faisait, au final, pas grand mal, celle avec l'Orgueil était bien plus dangereuse. Il avait réussi, en quelque sorte, à la mettre à genoux face à lui, à tordre suffisamment cette confiance pour être en mesure de lui ordonner des choses. Mais ce n'était jamais assez à ses yeux. Simplement parce que Selena n'était pas comme n'importe qui, elle était meilleure que les autres, parce qu'elle voulait bien le croire, parce que - plus encore - elle en était persuadée. Et celui qui pensait être moins qu'un homme ne pouvait que s'en trouver trop intéressé pour la laisser tranquille. Ils avaient besoin de s'écraser l'un l'autre. Enfin, c'était là le point de vue de Caliban.

La professeur de l'Orgueil était égale à elle-même. Ce n'était pas ce petit voyage qu'elle s'était offert, ces congés non-payés - il était bien connu de tous que Salluste n'allait pas payer quelqu'un qui désertait - n'avaient pas entamé l'excellence de Selena. Elle demeurait unique, intouchable, ou presque, et il prenait sur lui pour ne pas la torturer de l'intérieur, pour ne pas tenter de la briser avant d'en savoir plus. De son oeil, il l'observait sourire, se comporter en parfaite hôtesse, toujours meilleure que lui, tout en demeurant assis. Son regard embrassa les bouteilles d'alcool, une magnifique collection, le laissant un instant silencieux. L'Orgueil ne pouvait pas l'empoisonner : ce n'était pas assez honorable, il n'y avait rien à tirer d'un tel acte qui pouvait plus être de la lâcheté. Lui l'aurait peut-être tenté, s'il en avait seulement eu besoin contre elle. Mais pour l'instant, elle n'était pas encore cataloguée comme ennemie, mais comme suspecte, et il ne devait pas se montrer trop agressif face à cette femme. Pour l'instant, bien sûr...


-Fatigué, oui... je n'ai guère le temps de me reposer, depuis quelques jours.

Et son regard fouillait comme il le pouvait l'âme de cette femme. Se doutait-elle de la raison pour laquelle il ne pouvait pas se poser quelques instants ? Si elle avait quoi que ce soit en rapport avec l'attaque de l'Ecole, il risquait de ne pas retenir ses coups. Et elle était parfaitement du genre à détruire ce qui la gênait. Si elle était la seule au monde à garder un Flux, il imaginait bien que cela ne la dérangerait pas. Si elle pouvait briser toutes les chaînes qu'il avait posées, en une seule fois, elle ne raterait pas une telle occasion. Oui, mais il fallait pour cela qu'elle se soit alliée à quelqu'un d'autre. Et qui pouvait obtenir suffisamment de confiance de la part de l'Orgueil, pour qu'elle accepte qu'il fasse le plus gros du travail - même si cela n'avait pas été fait, au final, heureusement - ? Soudainement, l'idée même que Selena ait eu sa place dans l'attaque de l'Ecole lui parut totalement ridicule.

Mais il subsistait un doute, et tant qu'il y en aurait un, il ne se permettrait pas de la laisser tranquille. Et puis, d'un autre côté, doute ou non, coupable ou pas, elle devait rentrer au Val, il avait besoin de sa présence. Il avait besoin du maximum de personnes capables de protéger le Val des Ombres... ou du moins de continuer à le faire fonctionner comme d'habitude.


-Je prendrais bien un whisky, s'il vous plaît. Avec un glaçon.

Un glaçon, ici, à un des endroits les plus froids de cette planète ? Au moins, sa requête ne serait pas compliquée à résoudre. Il croisa les bras dans le fauteuil, les yeux plissés, puis tenta d'attaquer immédiatement la discussion qui l'avait amené jusqu'ici. Il voulait savoir... et plus difficile encore, il voulait être certain que Selena ne penserait pas à lui mentir. Le problème, c'était que la jeune femme n'était pas professeur de Manipulation pour rien, et qu'il n'était pas aussi doué qu'elle. Il ne le serait jamais, de toutes manières.

-Professeur Rhyn, sauriez-vous, par hasard, ce qui fait que je n'ai pas le temps de me reposer, actuellement ?

Restait à voir si elle focalisait sur son absence… ou sur autre chose.
Revenir en haut Aller en bas
https://val-des-ombres.forumsrpg.com
Invité
Invité




Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? Empty
MessageSujet: Re: Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?   Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? EmptyMer 11 Juin - 17:06

Dès qu'il lui eut répondu la jeune femme se tourna à nouveau vers l'armoire, un demi-sourire au coin des lèvres. Il n'avait guère le temps de se reposer ces derniers jours, et c'était probablement ce qui l'amenait. Seulement, elle doutait qu'il vienne seulement de se rendre compte de sa disparition. Elle n'avait pas cherché outre mesure à se montrer discrète, pas plus qu'à ce que tout le monde le remarque. Elle avait simplement agit exactement comme à son habitude, et généralement ses déplacements attiraient l'attention. Aussi, il lui semblait impensable que personne ne s'en soit préoccupé avant ce jour. Et il était tout aussi impensable à ses yeux que Caliban apprenne la fuite d'un de ses précieux professeurs sans que cela l'empêche de toute façon de dormir. D'après ce qu'elle savait, c'était déjà beaucoup trop le défier pour qu'il puisse simplement passer dessus. Mais tout cela était dans le fond... assez trivial. Même si il la haïssait à un point impressionnant, même si ces conflits pouvaient prendre énormément d'importance pour l'un comme pour l'autre, il y avait bien pire. Des événements inhabituels et dangereux pouvaient arriver... et changer la donne. Ils pouvaient lui donner un répit supplémentaire, et détourner l'attention du directeur pendant quelques temps. Et épuiser une partie de ses ressources. Peut-être n'était-ce qu'un effet de la haute estime dans laquelle elle se tenait, mais Selena était convaincue qu'en temps normal Caliban se serait occupé de son cas bien avant. Après tout, il était l'Envie... et elle l'Orgueil. Il n'avait pas suffisamment confiance en ses propres capacités pour simplement se dire qu'elle finirait par revenir vers lui et attendre. Non, il avait dû arriver quelque chose. Quelque chose qu'elle ignorait... pour l'instant. Cela ne durerait probablement pas. S'il ne le lui disait pas de lui-même, elle trouverait bien un moyen de l'apprendre autrement. Il avait l'air d'être d'humeur à discuter... et elle doutait que ce soit de son possible retour. Il devait bien savoir que c'était inutile. Peut-être. Mais après tout, cela ne l'empêchait pas d'essayer.

A nouveau le visage de la jeune femme redevint ce qu'il était habituellement ; froid et impassible. C'était comme s'il ne lui était possible d'utiliser que deux expressions, celle-ci ainsi que son ombre de sourire glacial et ironique. Mais pourquoi se serait-elle embarrassée d'autre chose ? L'idée même en était ridicule. Elle n'avait rien d'autre à exprimer. Et quand bien même, pourquoi extérioriser d'autres sentiments ? Obscurément, cela lui semblait presque... dangereux. Selena ne se leurrait pas. Elle avait parfaitement conscience d'avoir besoin de ses murailles pour se sentir réellement dans son élément. Mais elle était également convaincue d'une autre chose ; ce n'était pas un signe de faiblesse, simplement car elle était suffisamment forte pour les maintenir imprenables en toute circonstance. Ou du moins... presque toute. Et pour les autres... elle pouvait généralement s'en prémunir. C'était du moins ce qu'elle pensait. Et pour le moment rien n'avait été capable de la faire changer d'avis. Rien ne pouvait entamer son assurance. Après tout, c'était bien pour cela qu'elle était l'Orgueil. Tout en laissant ses pensés vaquer à leurs occupations, revenant souvent à ce qui avait bien pu se passer au Val, la jeune femme passait en revue les différentes bouteilles qui s'offraient à ses yeux. Caliban avait visiblement choisit ce qu'il fallait. Si un alcool prédominait dans cet endroit, c'était bien le whisky. Visiblement son père en avait été un grand amateur. Les yeux sombres de Selena s'arrêtèrent sur un récipient en particulier. Apparemment, c'était également un connaisseur. Cela ne l'étonnait pas outre mesure. Elle avait déjà pu se rendre compte qu'il avait du goût. Sa maison principale, avant... celle-ci. En vérité tout en témoignait. Sauf peut-être le choix de sa mère. A cette pensé la jeune femme sourit intérieurement avant de choisir l'une des bouteilles et de la poser sur une petite avancée de l'armoire. Elle s'étendait sur tout le long du meuble et servait visiblement pour la préparation des différentes boissons. Après un léger instant de réflexion un verre à la forme rappelant légèrement celle d'une tulipe vint à son tour se poser là, tandis que Selena se baissait pour ouvrir l'un des deux placards du bas qui révéla un congélateur dans lequel attendaient plusieurs glaçons.

Elle s'empara de l'un d'entre eux, le lâcha au-dessus du verre dans lequel il s'abattit avec un tintement clair, puis ferma la porte du bout du pied. Elle versa ensuite avec douceur le liquide ambré dessus tout en écoutant Caliban qui s'était remis à parler, avant de reboucher la bouteille et de la ranger à sa place. La jeune femme resta ensuite un instant silencieuse, tandis qu'elle faisait son choix parmi les différents vins représentés là. S'il posait la question ainsi, c'était que d'une façon ou d'une autre elle était censée effectivement le savoir. Ou du moins qu'il soupçonnait qu'elle puisse être au courant. Sans rien dire, à gestes calmes et mesurés, Selena se servit à son tour un verre avant de fermer l'armoire. Elle ne pensait pas plus qu'avant qu'il n'y avait que son départ. Mais Caliban agissait avec une certaine prudence, ne se jetant pas totalement à l'eau, et que la manoeuvre porte ses fruits ou non elle ne pouvait qu'approuver cette façon de faire. Oui, le directeur avait quelques qualités... même si sur ce point elle était convaincue d'être plus forte que lui. Restait à voir ce qu'elle acceptait de lui dire... et jusqu'où elle pouvait aller en aveugle. Car aucune nouvelle venant du Val des Ombres n'avait filtrée jusqu'à elle. Tranquillement, elle se détourna du meuble pour aller poser le verre devant son... invité. Au début, elle avait pensé qu'il était possible que le problème qui avait retenu Caliban pouvait n'être que personnel. Mais visiblement, il y avait plus que cela.

" Vous savez, vous ne devriez pas mettre de glaçon dans votre whisky. Cela en gâche une partie du plaisir. "

Elle avait fait cette remarque d'un air détaché, peut-être un peu condescendant, tout en posant le verre sur la table basse, avant de se détourner et de retourner s'asseoir à sa place en face de lui. Elle perdait rarement une occasion de ce genre. Et même si elle n'aimait pas réellement l'alcool, elle savait quelques petites choses. Des souvenirs épars, auxquels elle n'avait pas réellement envie de penser. Selena eu un léger haussement d'épaules, comme pour dire qu'après tout cela le regardait. Elle pris ensuite une gorgée de vin, avant de finalement daigner répondre à sa question. Elle avait les yeux fixés sur lui, et à nouveau un demi-sourire vint orner son visage.

" Je suppose que passer ses nuits à ressasser tout ce que l'on n'a pas a de quoi fatiguer. Surtout pour vous. Seulement, cela est habituel, non ? "

La jeune femme marqua une légère pause, redevenant impassible. Surtout pour quelqu'un comme lui... voulait-elle dire par là qu'il était l'Envie, et que cela faisait son essence même, ou qu'à ses yeux il manquait de nombreuses choses à cet homme ? Peut-être les deux. En tout cas elle ne précisa pas sa pensé, laissant à Caliban le soin de trancher. Elle pouvait continuer à jouer ou être totalement franche. Si du moins elle considérait qu'il y avait un moment où l'on s'arrêtait réellement de jouer. Rien n'était moins sûr. Tandis qu'elle regardait le directeur, de nombreuses possibilités de réponses venaient à l'esprit de Selena. Certaines pour chercher à le blesser, d'autres simplement pour l'agacer, la plupart pouvant remplir les deux offices. Mais elle n'oubliait pas pour autant l'impression de danger qui l'habitait. Peut-être que ce serait un mot de trop. Une limite, en quelque sorte. S'il la pensait coupable de quelque chose, comme le laissait entendre la formulation de sa question, mieux valait ne pas risquer de lui donner raison. Et retarder l'échéance par une pique supplémentaire pouvait apparaître comme un signe de culpabilité quelconque. D'autant plus qu'il pouvait la vouloir coupable. Après tout, il la détestait. Et se débarrasser d'elle sans remord, sans sentiment d'échec... ne serait-ce pas quelque chose d'agréable pour lui ? Elle n'avait pas l'intention de lui laisser cela. Pas plus qu'elle n'avait envie de mourir. Aussi après quelques secondes elle reprit la parole, d'un ton calme et toujours aimable en apparence.

" Alors... je suppose également que si vous êtes venu jusqu'ici ce n'est pas pour me demander conseil à propos du problème qui vous préoccupe. Vous me penseriez plutôt coupable, n'est-ce pas ? "

Elle haussa légèrement les épaules, le visage impassible. Elle tenait pour acquis le résultat de ses réflexions, comme toujours lorsqu'elle finissait par s'arrêter sur une conclusion. Et l'idée qu'elle se trompait ne semblait pas vouloir lui effleurer l'esprit.

" Vous pouvez en arriver au fait, si vous le voulez. "

Et sur cette conclusion, la jeune femme pris une nouvelle gorgée de vin, tout en observant Caliban avec attention, se méfiant peut-être légèrement du prochain mouvement.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? Empty
MessageSujet: Re: Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?   Loin de tout... mais pour combien de temps encore ? Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Loin de tout... mais pour combien de temps encore ?
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Aurevoir Gary Gyrax et merci pour tout.
» Mais que se passe-t-il ici ?
» Cherche, s'amuse le temps d'un matin.[libre]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Val des Ombres :: Ailleurs :: Le reste du Monde :: Antarctique-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser