[Libre] Une bouffée d'air frais

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Johannes venait de sortir, durant sa lente traversée des couloirs il avait l'objet de l'attention partout où il allait, la première raison était son bras droit qu'il ne cherchait aucunement à cacher, la seconde mais uniquement pour ceux qui cherchaient plus loin c'était son aspect entièrement androgyne que sa voix fluette n'arrangeait pas beaucoup. Il portait sous son bras son carton à dessin, son peigne à la main. Il allait ainsi d'un pas traînant lorsqu'il pénétra dans la cour intérieure. Il regarda autour de lui, de son regard contemplatif et triste, aucune émotion particulière ne transparaissait sur son visage. Son clown de bras bailla et regarda distraitement autour de lui à son tour. Johannes lui jeta un regard amusé, au fond il aimait bien la compagnie de cette chose, évidement, ce n'était pas évident de vivre en utilisant une seule main mais par chance la main qui lui restait était sa main directrice. Un petit vent frais souffla, le garçon frissonna, puis alla contre un des murs, dans sa position préférée, celle de la grenouille (ou du crapaud). Il réfléchissait à ce qu'il allait bien pouvoir dessiner. Il déposa son carton devant lui puis, de sa main désormais libre peigna sa mèche gauche en fixant la feuille blanche, ça l'aidait à réfléchir, à imaginer.

Le clown regardait, observait, tranquillement, bien sûr lui, il aurait aimé gambader, aller ça et là puis partir se goinfrer de quelques friandises bien méritées mais voilà, il avait beau espérer, il n'était qu'un bras, il regarda avec amertume son hôte, si seulement ça avait pu être quelqu'un d'actif... Mais non, il n'y avait pas plus mou que ce bonhomme là. Ce qu'il y a d'ennuyeux avec les bêtes comme le clown c'est qu'en ayant capacité cognitive limitée, elles pensent déjà que c'est mieux ailleurs. Le bras fou, pour s'occuper alla fouiller la poche droite du garçon de son nez hypertrophié. Il y avait là des figurines, des affaires scolaires diverses, des papiers plus ou moins important, le clown se saisit nonchalamment d'un crayon qui dépassait à l'aide de sa bouche et en mordilla le bout. Son hôte le lui pris et commença à dessiner. Qu'il était contrariant cet humain, évidement, le bras n'avait pas résisté, il n'avait pas à le faire, mais tout de même! Il avait du toupet. Le clown replongea le nez dans la poche et en sorti un vieux ticket de train datant de l'époque ou Johannes errait de ville en ville. Il le mâchouilla avec un air maussade, si seulement lui aussi il avait un corps. Qu'est ce qu'il pouvait s'ennuyer...

Johannes quant à lui dessinait, il savait précisément ce qu'il voulait faire oui, il allait dessiner Crapahute, le croque-mitaine. Il commença par quelques traits, des yeux globuleux, un nez pointu, des cornes, une tête de crapaud, puis il raya, il recommença, cette fois avec une barbe une bouche ornée de meurtrières rangée de dents, puis... Il raya, dessiner sa peur n'était vraiment pas chose simple. Le premier année rejeta la tête en arrière, qu'il était drôle à voir ainsi. N'importe quel passant verrait là une petite fille assise en grenouille contre un mur, la tête rejetée en arrière avec un cou étrange partant de l'épaule là ou devrait se tenir un bras, aboutissant par une tête étrange et ronde au nez proéminent. D'ailleurs, Johannes pensait sincèrement à mettre un masque à cette chose, pour la rendre plus amusante.

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...Ambiance...

Au fond de la cour, une apparition insolite. Une sorte de bonbon géant flashait au loin, les mains dans les poches, l'air visiblement contrarié. Avec un peu plus d'attention - si on était masochiste - on pouvait reconnaître Franz, la mine renfrognée sous ses hublots couleur cassis. Il fulminait.

...Je m'ennuie, je m'ennuie, je m'ennuie, jmennuie jmennuie jmennuiiie...

Il n'y avait pas de quoi être aussi énervé, certains élèves de la paresse aurait été ravis de n'avoir rien à faire, mais il n'y avait rien de pire pour Franz. Il fallait vite qu'il trouve quelque chose à faire...Soudainement, il se stoppa. Il rechaussa ses lunettes, et se concentra un peu plus sur l'aura qu'il venait de percevoir.

Non. Il devait rêver.
Il remonta ses lunettes sur son front, découvrant ses yeux glacés.
C'était pas possible.
Il se frotta les yeux. Alors. Laissez moi résumer. Un gamin. Freluquet. Emo. Tout seul. Artiste ? Non. Impossible. C'était trop beau pour être vrai.
Je veux dire, avoir une gueule pareille, ca revenait à hurler "BIZUTEZ-MOI" dans une maison de correction. C'était presque trop facile, on lui tendait un bâton sur un plateau.

Il tourna les talons, il avait son honneur, quand même, il n'allait pas s'abaisser à ça. Puis il s'arrêta. Un immense sourire apparut sur son visage. Non, vraiment, il ne pouvait pas résister.

Il se rua vers le petit garçon brun, et s'arrêta brusquement devant lui, les bras croisés.
- Eh ben alooors, Remi sans Famille, t'es tout seul ?
Franz se concentra pour utiliser son pouvoir, mais, soit il n'était pas vraiment au top de sa forme aujourd'hui, soit ce type avait la capacité émotionnelle d'une huître. Bref. Il n'avait qu'à passer à la vitesse supérieure, voilà tout. Il se pencha et arracha violemment le carnet de l'enfant. En regardant le crayonné, il explosa d'un incontrôlable rire méprisant.
- Waaahaha ! Qu'est-ce que c'est que ça, ha, ha, haaa ! Arrête de dessiner avec tes pieds, mec ! Surtout quand tu veux faire un autoportrait ! Mwaa ha, ha, ha !

Il n'arrivait pas à s'arrêter de rire, tandis qu'il entreprit de feuilleter le carnet en entier, espérant trouver d'autres sujets de moquerie. Il n'avait pas eu tort de venir ici !

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L'enfant ne sembla pas remarquer Franz de prime abord, contrairement à son bras clown qui lorgna cette espèce de sucette gesticulante avec une certaine gourmandise. Il n'eut pas de réaction spéciale quand Franz lui vola son carnet. Et ne sembla pas s'offusquer des commentaires que le garçon fit. Le clown lui ne comprenait pas tout, mais ces couleurs le mettaient franchement en appétit. Il aurait bien mordu un coup dedans, juste pour connaître le goût.
"Je ne m'appelle pas Rémi. Et puis c'est impossible de dessiner avec les pieds"
Affirma le Johannes sur un ton naïf qui ne trahissant cependant pas d'émotion particulière.
Il fixa Franz de ses grands yeux rêveur. Et eut un petit rire, un peu comme pour l'imiter, si l'autre riait c'est qu'il devait y avoir quelque chose de drôle supposait-il.
"C'est pas un autoportrait, c'est un croque-mitaine. J'aime bien tes vêtements. On dirait un bonbon"
Il eut un sourire sur ces mots. Pas un sourire moqueur ou ironique, un simple sourire d'enfant amusé.

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Après la réponse de Johannes, Franz claqua le carnet, très sérieux. Mein gott. Il en avait connu des imbéciles, mais des comme ça c'était le pompon. Il avait beau se concentrer, son pouvoir marchait très bien, mais non, ce type avait un activité céphalique aussi plate que la Belgique. Un vrai niais.

Ca l'énervait. Pas parce qu'il se moquait de sa dégaine, mais parce qu'il ne comprenait pas. D'habitude, deux ou trois piques et les faiblards dans son genre s'effondraient en larmes. Il devait en savoir plus. Etudier son adversaire. Il allait prendre son temps avant de le briser.

Franz se força à sourire :
- Hin, hin...Merci...

Il rejeta le carnet au sol.

- Alors, sale euhm, espèce deuhmm, mon ami, comment tu t'appelles ?

» Hmm c'est bon les fraises ! [libre]