La langueur parcourant ses sens de ce cher professeur, il se laissait faire agréablement par la jeune doctoresse mignonne qui s’acharnait sur son corps à coups de tendresse et d’affection mêlées. Elle était mignonne, la petite violette, se laissant ainsi déboutonner suite à une boutade complice qu’elle fit mine de mal prendre, malgré son intérêt évident pour son ancien professeur, fut-il diminué par une plaie déjà presque soignée.
Mais après l’avoir chevauché doucement et avec précaution, elle se releva, se retira du corps de l’Avare tout en reboutonnant sa chemise et en réenfilant sa blouse de médecin, reprenant par là son éloignement et son métier trop courtement abandonné au profit de sa vraie personnalité privée et intime… La phrase couperet tomba alors. Ils ne pouvaient pas faire ça. Pourquoi ? Ça elle se garda bien de le préciser. N’en avait-elle pas envie ? Tout montrait qu’elle désirait Salluste, et tout confirmait que l’Avare la désirait aussi. Alors pourquoi se retirer ainsi ?
Il la comprenait, d’un côté. Être si proche d’un de ses anciens professeurs ne devait pas être une chose très aisée à gérer. Mais après tout, n’étaient-ils pas dans une école du mal ? Dans un lieu où les règles ne tiennent plus, où la bienséance est mal vue et où aucune règle ‘bonne’ n’était permise ?
Salluste n’avait même pas le temps d’intervenir, de réagir pour arrêter cet empressement qu’elle avait à vouloir à tout prix le quitter, s’en aller de ses fastueux appartements remplis de riches décorations, étalant toute la richesse sans limite du maître de l’Avarice… Elle rangeait ses affaires, reprenait sa mallette et s’apprêtait à quitter la pièce sans autre sommation. N’allait-il pas réagir ? Allait-il rester là planté dans son fauteuil, soudainement délaissé, seul et triste de cet abandon ?
Non, il allait agir, et c’est ce qu’il fit à ce moment précis. Se relevant avec peine – même sous couvert d’un antidouleur, une blessure reste une blessure – et grimaçant un peu, il la rattrapa par le bras. Sans force et sans lui faire mal, juste pour l’attirer contre lui, la tenir entre ses bras après avoir fait glisser son peignoir fantasque sur le sol, ne gardant plus sur lui que son court short doré alors que ses yeux pénétraient avec douceur le regard un peu perdu de l’infirmière-doctoresse.
- On peut tout faire, Violette, à partir du moment où on veut le faire. Tu ne le veux pas ?
Il la regarda un moment en silence, alors qu’un maigre sourire éclairait son visage cerné de mèches rouges. Après une expiration un peu plus poussée qu’à l’accoutumée, il poursuivit :
- Serres-moi, jeune fille…