Le Val des Ombres
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 Invitation Aristocratique

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Nix Leviaz
Orgueil

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Nix Leviaz


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MessageSujet: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptySam 16 Fév - 16:41

Nix Leviaz avait quitté l'Ecole du Flux pour un petit temps, après avoir eu, bien évidemment, l'accord de son père. Bon, il allait de soi que, comme elle aimait à le faire remarquer, manquer certains cours n'était pas si grave pour quelqu'un qui, comme elle, se plaisait à en savoir plus que les autres. Certaine de ne pas avoir grand chose d'intéressant à apprendre ce jour-là - surtout qu'elle devait avoir un cours de Mademoiselle Eden, raison de plus pour sécher - , elle était des plus heureuses d'avoir quelque chose de bien plus important.

Une invitation.

Ainsi, vêtue d'une magnifique veste noire qui lui donnait un air de chef militaire, et d'un pantalon parfaitement assorti, le tout orné de dessins quelque peu médiévaux comme son père et elle les affectionnaientt, elle s'était vraisemblablement faite belle pour aller voir celle qui lui avait envoyé une lettre. Et cette personne, au-delà d'être une ancienne élève, était quelqu'un qui avait fait de l'Ecole un tremplin pour sa réussite. Nix Leviaz songeait en effet que cette femme n'était devenue que plus redoutable grâce aux enseignements de son père. D'après les informations qu'elle possédait, c'était même devenu quelqu'un de très influent. Et pas seulement dans le Val des Ombres.

La jeune fille, donc, dans son magnifique vêtement qui lui donnait un air de princesse sombre, s'approcha de la Résidence Délos. Elle tenait dans sa main droite la lettre, au cas où un des gardes du corps ne la reconnaîtraient pas. Ce n'était que peu probable, mais Nix n'était pas du genre - contrairement à ce que l'on pouvait penser - à se permettre des abus de confiance. Ainsi, elle appuya sur la sonnette, fixa l'espèce de caméra qui l'observait, et répondit à une voix inconnue qu'elle était la fille du Directeur de l'Ecole du Flux, et qu'elle avait été invitée. Lettre brandie comme témoin, oeil sombre, et la voilà qui entrait en passant par le portail nouvellement ouvert.

Dans sa démarche seule, Nix vibrait d'une assurance, d'une détermination toute particulière. A croire que si le monde s'était effrité autour d'elle, elle n'en aurait pas pour autant changé sa direction, et elle serait arrivée, coûte que coûte, avec ce même calme inébranlable, devant la porte de la Duchesse. Et elle se serait tenue, comme maintenant, froide, implacable, devant la magnifique porte.

Elle aurait pu jouer la curieuse, et regarder à travers les murs de la Résidence. Seulement, aussi étrange que cela puisse paraître, elle connaissait la politesse, et en tant qu'invitée, elle ne voulait pas risquer de se mettre à dos la jeune femme qui régnait dans cette demeure. Elle n'était pas là pour avoir une confrontation, puisque l'invitation avait été des plus agréables. Nix était là pour parler d'avenir, en réalité. Elle était là pour apprendre à mieux connaître celle dont elle avait suivi la scolarité avec des yeux de petite enfant, celle qui devait, désormais, suivre sa scolarité à elle avec attention. Pourquoi ? Oh, on pouvait facilement se douter que le rôle d'héritière de l'Ecole devait être intriguant. Mais plus encore, Nix se donnait comme but de mériter plus que quiconque d'obtenir l'Ecole à la mort de son père... ambition qui pouvait être particulière aux yeux des autres.

Elle observa d'un vague coup d’œil sa tenue, se tint aussi droite qu'à son habitude, avec un sourire des plus radieux. Elle devait se tenir bien, mieux que face aux autres élèves. Parce que cet instant allait être des plus intéressants. Il ne lui restait plus qu'à attendre l'ouverture de cette porte...
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MessageSujet: Re: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptySam 16 Fév - 23:31

La Duchesse était assise à son bureau, à l'étage. La pièce était décorée avec élégance, mais sobriété. A vrai dire, il émanait des formes géométriques, tant des meubles que de l'unique sculpture moderne et épurée qui ornait la cheminée, une impression irrépressible d'austérité froide. Et le bureau aux papiers méthodiquement ordonnés n'aidait en rien l'éventuel visiteur à se sentir à son aise s'il aimait à trouver, chez les autres comme chez lui, ne serait-ce qu'un indice d'humanité.

D'ailleurs, Arabelle elle-même n'avait rien de proprement rassurant. Ce n'était pas que ses manières d'une parfaite politesse, quoique altières, fussent inquiétantes. Elle était froide, mais cela n'avait rien de très surprenant, pour une aristocrate, et les beaux salons étaient peuplés de personnes de son genre. Ce qui mettait mal à leur aise les esprits impressionnables, c'était le soin méticuleux qu'elle mettait à sa toilette, un soin perfectionniste, inhumain.

Ses cheveux blonds se perdaient en une infinité d'arabesques, boucles élégantes et géométriques, véritable sculpture qui se maintenait par une grâce divine, et en vérité elle était divinement gracieuse. Mais c'était une beauté glaciale, et dans l'assemblage complexe de ses vêtements riches, superposés à l'infini, croisés et entrecroisés, il n'y avait aucune perspective charnelle, à peine même la sensation du physique.

Mais la personne qu'elle s'attendait, d'un instant à l'autre, à recevoir, n'était pas de nature à se laisser impressionner par cela, et aussi n'était-ce pas le but que poursuivait la Duchesse. Simple question d'image, d'habitude. D'ailleurs, Arabelle aurait vraiment été suprêmement déçue si Nix Leviaz ne montrait pas la force de caractère nécessaire pour résister à ses froideurs.

En attendant, la criminelle parcourait des yeux quelques lettres que des oeuvres caritatives, dont la fonction était moins de répandre le bien-être dans le monde que d'offrir aux gens fortunés l'occasion de se rencontrer et d'exhiber aux yeux des photographes leurs bonnes volontés, lui avaient envoyé. La Duchesse ne négligeait jamais cette occupation : il fallait qu'elle entretienne son image de femme honnête.

Car, pour la grande majorité du monde, ou plus exactement du milieu mondain dans lequel elle évoluait, la Duchesse de la Croix du Parnasse était le symbole même de l'aristocrate généreuse, courbée vers le peuple sans se compromettre, élégante et gracieuse, respectueuse des traditions, enjouée en conversations et efficace en diplomatie. Son influence était à la mesure de ces apparences, elle en prenait donc grand soin.

Elle avait répondu à l'ensemble de ces courriers, des plus ennuyeux d'ailleurs, lorsque l'interphone dissimulé dans le bois du bureau sonna. Elle appuya sur le bouton, et la voix, grésillant, d'un garde lui annonça que Nix Leviaz demandait à la voir. Elle ordonna qu'on l'introduise dans un des salons de conversation du rez-de-chaussée.

Aussitôt, le personnel de la maison se mit en branle. Au rez-de-chaussée, devant la fille du directeur, les lourdes et majestueuses portes de la Résidence Délos s'ouvrirent. Derrière, un majordome, dans le style le plus purement anglais, se tenait devant Niz, rectiligne et respectueux, avec cette neutralité si recherchée chez leurs domestiques par les maîtres.

D'une voix obséquieuse, il pria la jeune fille de le suivre, et l'introduisit, en quelques secondes, dans un salon de conversation. Il y avait deux canapés rouges, de style ancien, à deux places, qui se faisaient face, et dans le sens de la largeur, deux fauteuils identiques. Au milieu de ce rectangle, une table basse, de fer forgé et de verre, reposait sur un tapis manifestement ancien. Les murs, lambrissés, étaient dépourvus de bois, mais des appliques imitaient à la perfection d'anciens chandeliers.

Avec son respect égal, le majordome pria Niz de prendre en place, la traitant avec la même déférence que si elle avait été une Princesse, et cela avec tant de naturel et de professionnalisme, que la plus humble des personnes aurait pu se rêver l'être vraiment. Puis il s'éclipsa, après avoir annoncé que la Duchesse viendrait dans un instant.

Et un instant plus tard, elle était là, parfaitement à son aise, comme si chaque objet, chaque lumière et chaque crissement antique du parquet n'était là que pour elle, que pour tomber sous sa domination et sa maîtrise. Et pourtant, elle ne faisait pas peser sur les autres cette oppression de la puissance mal dosée ; tout son pouvoir était retenu, maîtrisé et distillé selon les règles de la stricte nécessité.


« Mademoiselle, c'est un plaisir que de vous recevoir dans ma modeste demeure. »

Elle avait disait là en embrassant le salon d'un geste typiquement aristocratique, lent, mesuré, calculé : souverain. C'était comme si elle insinuait que ce salon constituait toute sa propriété, et non l'immense demeure, le parc gigantesque et la forêt qui s'étendaient tout autour d'elles. Arabelle s'assit en face de son invitée, droite sans être rigide.

Ses yeux se posèrent, sans détour, dans ceux de son interlocutrice. Cela n'avait rien de surprenant : il n'y avait pas d'apparence que la Duchesse pût faire montre de la moindre timidité. Elle ne donna pas, néanmoins, à son regard l'acuité inquisitrice de celle qui cherche à deviner les intentions de son vis-à-vis. Simplement, il s'agissait d'initier une conversation franche, d'égale à égale.


« Vous prendrez bien du thé ? »

Un sourire se glissa sur ses lèvres, de pure politesse. Elle n'était ni glaciale, ni chaleureuse. Elle avait cette distance digne propre à la fois à son milieu, à son statut social et à ses activités. La Duchesse incarnait son propre personnage, et sans doute y avait-il là quelque chose de redoutable, parce qu'à chaque instant elle avait conscience des codes, même infimes, qu'impliquait sa conduite.

Vraiment, elle n'avait rien de très humain.
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MessageSujet: Re: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptyJeu 21 Fév - 17:56

Nix n'était, en effet, pas du genre à se laisser impressionner par l'austérité des lieux. Elle aurait vécu, un tant soit peu, comme une jeune fille normale, elle aurait eu des souvenirs, même lointains, d'un monde plus innocent que celui dans lequel elle vivait, peut-être qu'elle aurait su se laisser surprendre. Mais la jeune fille ne connaissait que le Val des Ombres et avait décidé, dès son plus jeune âge, par une force de caractère assez impressionnante, de ne vivre qu'à l'Ecole du Flux.

Alors cette demeure qui acceptait sa présence, ouvrant des portes majestueuses pour laisser voir un majordome aussi neutre que respectueux, ce n'était certes pas chez elle, mais ce n'était pas non plus un lieu qui pouvait l'effrayer, ou la mettre mal à l'aise. Pour cela, il aurait fallu que quelqu'un soit capable de gêner Nix Leviaz, et cette jeune fille avait justement une assurance suffisante pour ne jamais, ou presque, être gênée. Etre traitée en princesse par cet homme chez lequel elle ne voyait que du professionnalisme certain, était un exemple certain de cette particularité de Nix : certaines jeunes filles auraient pu se sentir décontenancées par une telle situation, elle se contentait de trouver cela parfaitement normal, et même de penser qu'elle devrait être traitée avec autant d'égards de la part de tous ceux qui l'entouraient, sauf Calypso et son père, cela allait de soi.

L'adolescente suivit le garde dans les couloirs déshumanisés de la demeure, jusqu'à ce salon de conversation dans lequel elle le fit entrer. Invitée à s'asseoir, elle se plaça dans un fauteuil, jugeant inutile de s'installer seule dans un canapé. Elle croisa les jambes, avec une assurance qui, oui, pouvait paraître princière, et un sourire lointain. Son oeil se promenait agréablement sur le travail du tapis ancien, qui lui semblait parfait. Ce n'était pas parce qu'elle avait une confiance en elle démesurée que Nix Leviaz n'appréciait pas le travail des autres, et ce tapis venait d'attirer son attention, même si, quelques courts instants plus tard, il ne fut plus qu'un très lointain souvenir lorsqu'elle aperçut son hôte.

Elle s'était levée à l'entrée de la Duchesse, l'avait saluée d'un sourire et d'un mouvement de tête poli. Elle s'était rassise sur son fauteuil, silencieuse, l'oeil fixé sur celle qui l'avait invitée. Il y avait de l'intérêt certain, dans son regard, comme si malgré son inhumanité, cette femme possédait ce que la demoiselle aimait le plus trouver chez les êtres humains. Bien sûr, Arabelle de la Croix du Parnasse avait quelque chose de mécanique, comme si tout ce qu'elle faisait était calculé bien à l'avance. Mais Nix ne s'en trouvait pas plus troublée. Au contraire, elle lui souriait comme un enfant aurait sourit à quelqu'un de doux et de tendre.


-C'est moi qui vous remercie de m'avoir invitée chez vous... C'est un très grand honneur que vous me faites.

Ah, la politesse, chose que certains aurait dite comme inhabituelle chez Nix, n'était en réalité qu'une preuve de son intérêt pour la personne à laquelle elle parlait. Elle observait le moindre geste de la part de la Duchesse, mais sans crainte. Il s'agissait plus d'une habitude, aussi bien offerte par son pouvoir qui lui permettait de voir au-delà des limites physiques, que par son unique oeil vif. Ce-dernier la forçait à être suffisamment rapide dans ses observations, à pouvoir facilement passer d'un détail à un autre, pour ne pas se retrouver handicapée par rapport à ses camarades. Son cache-oeil, agréablement en accord avec ce qu'elle portait ce jour-là, était ouvragé des mêmes dessins médiévaux que sa veste qui s'était retrouvée dans les bras du majordome, que son pantalon. La chemise qu'elle portait, ornée d'un col en dentelle, désignait plus une certaine forme de richesse qu'un besoin de montrer des courbes d'un corps encore jeune ; et ses cheveux blonds mi-longs encadraient son visage qui exprimait, à cet instant précis, que les traits de l'enfance.

La jeune fille laissa son regard se porter sur la coiffure ouvragée de la femme qui lui faisait face. Là encore, elle apprécia le travail, la beauté, et l'effort fournis pour une telle chose. Arabelle semblait inspirer à cette enfant qu'une profonde admiration pour cette beauté qu'elle remarquait dans des choses, qui, pourtant, étaient suffisamment froides pour repousser n'importe qui.


-Oui, volontiers, merci.

Répondit-elle enfin à la proposition de thé, après avoir arraché son regard de cette coiffure. Elle ne fixait que rarement longtemps ses yeux sur quelque chose ; ainsi, même si son oeil se posait souvent dans le regard de la Duchesse, Nix le quittait régulièrement, pour s'accrocher à un détail de la pièce ou de la femme qui se trouvait face à elle. Il y avait quelque chose de méthodique, dans ces mouvements de son regard, qui lui permettait de prendre conscience de la totalité de la pièce. Et si cela avait pu paraître impoli, elle ne le savait pas. Elle fonctionnait ainsi depuis très longtemps. Depuis trop longtemps pour se poser des questions, si son caractère l'avait poussée le faire.

La jeune demoiselle n'engagea pas la conversation... simplement parce qu'elle ne jugeait pas avoir l'autorisation de le faire. Alors elle se contenta de sourire, doucement, avec une expression de bienveillance presque déplacée par rapport à la situation.
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MessageSujet: Re: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptyJeu 21 Fév - 19:10

Arabelle ressentait, à l'endroit de Nix Leviaz, une réelle sympathie. Bien sûr, ce sentiment n'avait que peu à voir avec l'expression, par exemple, dérivée d'une pulsion maternelle ou bien encore un quelconque élan d'amitié que ce fût. Mais son instinct — et malgré l'air profondément mesuré qui régnait en elle et autour d'elle, la Duchesse avait appris à écouter son instinct, peut-être parce que celui était même plus mathématique qu'elle le pouvait être sciemment — lui disait que la jeune fille qui désormais occupait un de ses fauteuils avec un naturel certain avait non seulement un potentiel considérable dans le domaine d'activité qui était le leur mais également une propension naturelle à partager sa vue, quoique cela Nix l'ignorât encore.

En effet, Nix ne devait pas connaître grand chose de la Duchesse. Sans doute en savait-elle plus que n'importe qui, son père mis à part, à l'Ecole, de part sa situation privilégiée. Il restait néanmoins que, pour être une généreuse donatrice de l'établissement qu'elle avait jadis fréquenté, Arabelle n'y faisait que de rares visites, préférant en surveiller les développements de loin. Ce que l'on savait d'elle, parmi les élèves, se résumait aux rumeurs que suscitaient inévitablement ses apparitions occasionnelles.

Mais ces temps derniers, d'autres projets étaient nés dans l'esprit de la Duchesse, ce qui n'était jamais bon signe, certes. En tout cas, cela la conduisait à se rapprocher un peu plus de cette école et particulièrement de Nix Leviaz, pour qui elle avait pris cet intérêt soudain. La nature exacte des projets de la Duchesse restait cependant strictement secrète, même pour ses plus proches collaborateurs.

Ceci dit, pour l'instant, toute l'expression de ses conceptions machiavéliques se résumaient à agiter, avec la dose de distraction nécessaire pour ne pas trop s'impliquer dans ce geste quotidien et donc bas, une sonnette. Dressé comme un chien servile, probablement de peur de sa réaction s'il ne réagissait pas assez vite, le majordome surgit presque aussitôt, et repartit en un temps aussi court pour chercher le temps qu'elle venait de lui demander.

Après quoi, elle s'assit avec une grâce purement aristocratique, et bien entendu mesurée sur le fauteuil qui faisait face à celui que sa jeune interlocutrice avait choisi d'occuper. Et, à ce moment là plus que jamais, il semblait que le meuble avait été fait sur mesure, pour qu'elle y parut toute à son aise, comme si sa seule fonction, en étant fait probablement un ou deux siècles auparavant, avait été de mettre en valeur, comme l'écrin le diamant, sa future occupante.

La Duchesse ne semblait pas s'offusquer du vagabondage oculaire de Nix Leviaz. A vrai dire, si elle-même était d'une politesse irréprochable, Nix aurait pu mettre les pieds sur la table basse que la femme ne s'en serait pas formalisée. Elle était suffisamment pragmatique et calculatrice pour savoir que, dans certaines situations, les usages étaient contingents pour traiter du cœur du sujet.


« Voyez vous, Mademoiselle Leviaz, je vous observe depuis un certain temps déjà. »

Elle ponctua cette observation d'un léger sourire, comme pour laisser le temps à la jeune fille de considérer ce que cela impliquait, à savoir qu'une personne non pas de sa condition mais avec l'urgence de ses occupations (de Duchesse et de criminelle) pût prendre le temps de l'observer, elle, particulièrement. Arabelle ne s'attendait pas à ce que Nix s'en sentît flattée : elle souhaitait simplement que l'information se développât dans l'esprit de son interlocutrice avec toute sa force.

A cet instant, et cela peut-être était fait exprès pour que Nix n'eût pas trop l'impression que la Duchesse attendait que sa phrase eût pris tout son poids (ce qu'elle faisait effectivement, pourtant), le majordome se présenta dans le salon, et avec un silence respectueux et complet, disposa deux tasses de part et d'autre de la table basse, servi le thé, s'enquérrant simplement de si l'une ou l'autre des deux femmes désiraient du sucre, du lait ou du citron. Puis il repartit.

Le liquide chaude et ambré développait dans l'air du petit salon ses volutes de fumée et le parfum végétal des feuilles de thé. La Duchesse reprit la parole, pour expliquer finalement ce qu'elle entendait.


« Vous êtes une jeune fille tout à fait exceptionnelle, douée de qualités certaines. Et il me semble que les circonstances sont heureuses, qui font de vous l'héritière de cette école. »

Avec un mouvement mesuré, elle se pencha pour saisir sa tasse de thé, et en but une gorgée. C'était un peu étrange, parce qu'à la voir ainsi, de l'extérieur, on songeait parfois qu'elle ne devait ni boire ni manger, et à vrai dire ne remplir aucune des fonctions naturelles propres à l'être humain, tant elle semblait une construction d'une perfection géométrique et, partant, un peu malsaine, tout à fait irréelle.

D'ailleurs, sans doute buvait-elle ce thé par pure convention, parce qu'il s'agissait d'un code bien établi, d'une activité rituelle et courtoise, dont la signification n'avait plus guère de sens alimentaire.


« Aussi me demandais-je quelles fonctions vous occupiez dans l'école, et quelle étendue avait votre pouvoir de décision. Car il me semble évident que, ayant atteint un âge tel que le vôtre, vous devez avoir une certaine capacité d'action. »

La formation de la phrase et le ton purement informatif qu'avaient employés la Duchesse ne laissait rien supposer de ce qu'elle savait exactement et de ce qu'elle voulait sous-entendre. En réalité, elle n'avait qu'une envie : éveiller l'ambition de Nix Leviaz et lui donner une forme plus concrète. Pour une raison encore obscure, Arabelle désirait que la jeune fille se préparât dès maintenant à assumer sa charge future et entendît aussitôt son pouvoir sur l'Ecole.

L'intérêt que la Duchesse pouvait avoir à un tel changement, en revanche, demeurait un petit mystère. Mais sans doute avait-elle un intérêt dans cette affaire, tant il apparaissait peu probable qu'elle pût agir là de façon purement désintéressée. Sa sympathique envers Nix avait des limites que traçait clairement son opportunisme.
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MessageSujet: Re: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptyJeu 6 Mar - 18:16

Nix Leviaz avait quelque chose qui manquait terriblement à son père : l'assurance. Et si Caliban avait des airs volatiles, éphémères, s'il avait l'air de rechercher sa place, sa fille était d'une autre trempe. Elle, elle avait l'air d'être là parce qu'elle le méritait, l'air d'avoir vécu pour être en face de la Duchesse, même si cela n'était que pour un court instant. Elle avait l'air d'épouser le temps et l'espace, de les accepter parce qu'ils l'acceptaient... des les apprécier parce qu'ils étaient les siens.

Elle pouvait facilement imaginer, ou plus exactement, elle l'avait déjà observé, le rapport entre la Duchesse et son père. Elle savait qu'elle avait de l'argent, elle l'avait observée en train d'étudier, même si elle n'était à cette époque qu'une très jeune enfant. Et, si son intérêt pour Calypso, et le rapport fraternel qui s'était imposé entre les deux filles était particulièrement important, Nix Leviaz, étant ce qu'elle était, avait su remarquer ce don qu'avait Arabelle.

Alors, la phrase - non, pas un aveu, une constatation - de cette femme mécanique ne sembla pas l'étonner. Elle l'accueillit d'un sourire poli, ou complice, au choix. De toutes manières, elle avait des expressions et un visage faits de telle manière que la frontière entre la politesse et l'amitié ne semblaient pas exister, pour elle. Elle jugeait cela parfaitement normal, qu'on l'observe, et n'en paraissait pas plus flattée qu'autre chose. Elle trouvait cependant cela parfaitement intéressant qu'une Duchesse et qu'une ancienne élève de l'Ecole du Flux prenne le soin de lui faire cette réflexion. On pouvait très bien observer quelqu'un, généralement, cela ne se disait pas... soit parce que c'était inutile, soit parce que c'était bien plus plaisant de le faire sans s'attarder à faire cette remarque. Seulement, la Duchesse venait de lui fournir cette information.

Elle demanda poliment un demi-morceau de sucre, non pas pour faire attention à sa ligne, ni pour embêter le monde... simplement parce qu'elle ne supportait pas quand c'était trop sucré. Et puis elle réclama un peu de citron... et plongea son regard dans l'eau chaude, comme si les plus belles choses de ce monde allaient en sortir.

Et puis la Duchesse reprit la parole, suivant les pensées de la jeune fille. Encore une fois, elle ne prit pas cela comme n'importe qui. Qu'on la flatte ou non, elle voyait cela comme des constatations. Oui, il valait mieux que ce soit elle plutôt qu'un autre qui prenne la direction de cette Ecole à la mort de son père. Oui, elle avait des qualités indéniables. Mais pourquoi lui faire la réflexion ? Quelque chose intéressait la Duchesse - elle-même, cela allait de soi, sinon elle ne serait pas ici - , et elle pouvait l'aider... ou s'allier avec elle... ou avoir une relation assez particulière avec cette étrange femme...

Nix porta sa main vers la table basse, récupérant ainsi la tasse chaude, et sourit doucement. Elle en but une gorgée avec plaisir, sentant le liquide chaud se glisser dans sa gorge. Vint ensuite la question qui l'intéressait réellement. Le sujet qui les intéressait. Son rôle à l'Ecole du Flux. Et Nix comprit que les quelques mots prononcés auparavant étaient là pour la forcer à être honnête, elle aussi. Parfait. De toutes manières, elle ne comptait pas mentir, c'était trop intéressant pour cela.


-Officiellement, je suis simplement élève.

Officiellement, bien sûr.

-Officieusement, je suis ici pour seconder mon père. J'apprends à utiliser les machines en rapport avec le Flux, les armes qu'il fabrique, et j'étudie chaque élève de cette Ecole. Etudier mes camarades... c'est plus par passion qu'à la demande de mon père. Depuis toute petite, cela me plaît. Et sincèrement, en tant qu'héritière, je dois me préparer à la direction de cette Ecole.

La demoiselle but une autre gorgée, esquissa un sourire amusé, et plongea son regard dans celui de la Duchesse.

-Ayant déjà en tête des remaniements que mon père ne fera pas lui-même, j'ai besoin de réfléchir à ceux qui feraient partie de l'Equipe Pédagogique, à l'avenir. Mon père et moi n'avons pas le même regard sur cette Ecole, en réalité... je ne veux pas critiquer son travail, non, mais n'ayant pas les mêmes buts, il ne nous faudra pas les mêmes armes.

Elle reposa la tasse à moitié pleine sur la table basse, l'oeil mi-clos.

-Pour résumer, je conseille, informe et seconde mon père dès que j'en ai l'occasion. Mais comme je suis inscrite à tous les cours, je n'ai pas autant de temps que je le désirerais...

Bien installée dans son fauteuil, elle passa une main dans ses cheveux d'or, laissant s'échapper un silence. Pour permettre à la Duchesse de savoir ce qu'elle allait faire des informations qu'elle venait de lui procurer ? Peut-être. Nix entrouvrit la bouche. Elle aurait pu poser tout un tas de questions, mais voici celle que la singulière demoiselle murmura d'un ton presque complice :

-Est-ce que je continue à vous intéresser ?
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MessageSujet: Re: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptySam 8 Mar - 14:39

Sur le visage de la Duchesse de la Croix du Parnasse, la limite entre la politesse et l'amitié ne semblaient pas non plus exister, peut-être pour la raison essentielle que l'amitié ne semblait pas exister chez cette femme, de la même manière que toute trace d'humanité avait déserté très tôt le visage impassible de la créature, semblable à ces masques stoïques antiques. Le regard qui recevait celui de sa jeune interlocutrice se contentait d'être froid, bleu et presque luminescent, mais il était dépourvu de toute émotion, proprement mécanique dans son observation.

Il était impossible de savoir si les informations que le future directrice de l'Ecole lui dévoilait avaient un quelconque effet sur la criminelle ; la seule vérité que l'on pouvait tirer de l'observation de son visage, c'était qu'elle écoutait, attentivement sans doute, quoique cette remarque n'eût guère de sens puisqu'il paraissait foncièrement impossible pour la jeune Noble de faire montrer de la moindre marque d'inattention, comme si le monde était toujours passé au crible de ses yeux patients mais analytiques.


« Naturellement. »

Elle avait prononcé ce mot sans attendre, comme si chaque syllabe prononcée par Nix avait mis en branle les réflexions appropriées dans sa cervelle alerte, comme si en écoutant son interlocutrice elle avait déjà modifié ses plans, sans prendre la peine de réfléchir, de la façon mécanique et assurée de l'ordinateur à qui l'on a fourni de nouvelles données et qui, mathématiquement et sans faiblir, modifie les résultats affichés par son programme.

A vrai dire, Nix Leviaz ne lui avait rien révélé dont elle ne se doutât plus ou moins clairement. Elle ne s'attendait pas à ce que le champ d'action de celle qu'elle voulait voir devenir son associée future s'entendît plus loin que celui de la simple formation, elle ne lui avait jamais supposé de capacité de décision, par exemple, mais se doutait néanmoins que la jeune fille mettait un point d'honneur à se tenir au courant du fonctionnement souterrain de l'école qu'elle souhaitait tant diriger.

Néanmoins, un léger haussement de sourcil vint ponctuer le mot par lequel elle avait conlu le discours de son interlocutrice, signe discret mais certain d'une vague désapprobation. Il était impossible de savoir s'il était né d'un pur calcul, d'un pur jeu d'actrice, ou s'il reflétait effectivement un réel engagement intellectuel quant au fonctionnement de l'école. Les idéaux de la Duchesse demeuraient un mystère et ses actions ne semblaient jamais poursuivre autre chose que son intérêt pour soi-même.


« Je dois vous avouer cependant qu'il me semble que vous êtes injustement restreinte dans cette école. Officiellement vous êtes, comme vous le dîtes, une élève comme les autres. Mais n'est-ce pas une absurdité ? Il est évident que ce n'est pas et ne doit être sous aucun prétexte votre situation. »

La jeune femme but une nouvelle gorgée de thé après avoir adressé à Nix un sourire un peu plus chaleureux que les autres, ce qui devait correspondre à un signe de vive sympathie de sa part.

« Il est temps, Nix, j'ose même dire qu'il est plus que temps, que, d'une manière ou d'une autre, vous étendiez vos pouvoirs sur cette école. Plus tard cela se produira, plus vous aurez à affronter des cabales lors de la succession. Nous savons toutes les deux que vous en sortiriez victorieuse, et néanmoins il y aurait, pour les résoudre, une dépense de moyens et d'énergie qu'il me semble plus judicieux d'éviter. »

Dans le discours de la Duchesse se mélangeaient curieusement des intérêts de nature toute différente. La criminelle semblait à la fois être soucieuse de la pérennité de l'école et de sa bonne direction, sans quoi d'ailleurs elle n'eût pas pris tant de peine à la financer, et dans le même temps elle exprimait le désir de voir l'argent qu'elle déversait si généreusement dans les caisses de l'école — générosité dont la raison, d'ailleurs, n'était pas tout à fait éclaircie, étant donné le peu d'intérêt qu'elle montrait, en fin de compte, aux élèves qui en sortaient et sur qui, pourtant, elle avait des droits établis de recrutement, d'embrigadement presque — fût bien employé.

« Je n'ai pu, par exemple, m'empêcher de noter à quel point Eva Eden vous manquait de respect. Je crains que l'impolitesse de cette personne aille, dans l'avenir, jusqu'à vous disputer ce qui vous appartient de droit. Vous n'ignorez point, sans doute, le genre de séduction et d'influence qu'une créature de cette espèce peut exercer sur les hommes, fussent-ils aussi respectables et décidés que votre père. »

Les derniers mots prononcés l'avaient été sur le ton vague d'une ironie polie, qui pouvait passer pour une simple illusion tant elle était à peine marquée. La voix de la Duchesse déployait toutes les subtilités d'une éducation aristocratique pour louvoyer dangereusement entre les différentes nuances d'intonation qui pouvaient donner à ses paroles plus ou moins de gravité.


« Il est urgent, pendant qu'il en est encore temps, que vous réclamiez ce qui vous est dû. Un poste officiel. Un statut à part. Une vice-direction de l'école. Si ce n'est une co-direction. »

La Duchesse avala à nouveau quelques gorgées de thé, laissant alors un silence planer dans la pièce pour souligner les paroles qu'elle venait de prononcer, et qui donnaient effectivement aux ambitions de Nix un caractère nettement plus effectif que celui d'une simple formation officieuse. Puis, reposant la tasse presque vide sur la table basse, la Duchesse croisa les doigts, et d'un ton presque désinvolte :

« Il est évident que dans cette intention, et dans tous les combats à venir, vous jouissez de mon entier soutien. »

Ses yeux s'étaient soudainement faits bien plus pénétrants, cherchant presque à arracher du regard de Nix l'approbation, l'ambition furieuse de conquête du pouvoir, à faire éclore la nouvelle Directrice non en théorie, non en rêves, mais dans des actions immédiates et effectives. En somme, ce que la Duchesse était en train de proposer à la jeune fille, c'était d'entamer dès à présent, et sans faiblir, la conquête de la direction de l'Ecole du Flux.
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Nix Leviaz
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MessageSujet: Re: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptyDim 23 Mar - 19:01

[HRP : Bon, c'est la cinquième version de ce message, j'espère que ça sera la bonne.]

Nix Leviaz était encore une enfant. Elle était peut-être brillante, elle avait peut-être suivi un apprentissage étrange dans les voies du Mal, cela ne changeait pas un fait qu'elle prenait soin de ne pas voir : elle n'était pas parfaite, et il y avait des choses qu'elle ne pouvait pas contrer. Il y avait des mots qui n'avaient aucun mal à la posséder, simplement parce qu'on allait dans son sens, parce qu'on se montrait d'accord avec elle. Et elle avait tant et si bien l'habitude de se construire, et de se conduire contre les autres, que l'agréable surprise d'avoir du soutien ne lui était que meilleur. La jeune fille n'avait, dans cette Ecole, que de trop rares amis, de trop rares compagnons, pour savoir se mettre en garde à cet instant précis. Et elle avait tout autant une trop forte confiance en elle.

Face à une ancienne élève, qui avait non seulement magnifiquement bien intégré les enseignements de l'Ecole du Flux, mais qui avait aussi une facilité particulière à dissimuler ses pensées, et à mener une conversation agréable avec les autres, la jeune fille était dans une situation plutôt compliquée. Du moins, elle ne s'en rendait pas compte, ce qui facilitait la discussion plus que cela n'en avait l'air. Si Nix s'était sentie en position d'infériorité, elle se serait braquée, et aurait, comme à son habitude, commencé à construire ses réflexions à l'inverse des autres. Ici, cela aurait pu paraître totalement inconscient, mais elle aurait même été capable de réfléchir contre ce que lui proposait la Duchesse. Contre une potentielle alliée. L'assurance d'être, pour une fois, en présence de quelqu'un qui voulait l'aider - car elle savait bien qu'elle avait besoin d'aide - et d'être traitée en égale, ne pouvait que délier sa langue. Etrangement, le côté mécanique d'Arabelle, un côté qui aurait pu mettre plus d'une personne mal à l'aise, confortait la demoiselle dans ses pensées. Elle n'avait pas à s'inquiéter, elle n'avait pas à avoir peur d'un refus.

C'était peut-être une excellente argumentation que la Duchesse savait mettre en place. Elle avait, probablement, suffisamment observé la fille du Directeur pour savoir quelles étaient ses pensées et ses buts. Ou alors, elle partageait réellement les espoirs d'une enfant et ne s'était pas trompée en l'invitant chez elle. Dans tous les cas, la jeune demoiselle faisait face à ses propres questionnements. Oui, pourquoi n'était-elle qu'élève, pourquoi était-elle considérée comme les autres, quand elle avait un tel poids sur les décisions de son père ? Pourquoi ne pouvait-elle pas montrer à tous qu'elle leur était supérieure ?

"Etendre ses pouvoirs..." oui, il y avait de cela. C'était en effet ce qu'elle voulait. Plus de pouvoirs sur les autres, parce qu'elle jugeait les mériter. Oh, elle ne se pensait pas plus digne que son père d'être à la direction de cette Ecole, mais il était scientifique, et voyait les élèves comme des cobayes. Elle jugeait, de son côté, les voir comme des êtres vivants. Et, contrairement à son père qui songeait à l'évolution sur les hommes, elle voulait diriger un côté particulier de la société, obtenir un poids sur le monde grâce à cette Ecole, qui, finalement, formerait le futur. Voilà, l'avenir, elle pensait à l'avenir, sans en posséder la même vision que son père. Leurs deux visions devaient, pour l'instant, obtenir un même poids, l'une comme l'autre. pour ne pas faire sombrer le Val dans un grand n'importe quoi, comme... comme en ce moment. Il suffisait de songer à la soirée de début d'année pour voir les risques de la chute vers laquelle ils avançaient.

Parler d'Eva Eden était, ensuite, une excellente idée de la part de la Duchesse. Prononcer le mot de la rivale de Nix - du moins, celle qu'elle jugeait être sa rivale, mais qui ne savait pas forcément à quel point la jeune fille la haïssait puisque cela allait bien plus loin que les couteaux et autres objets qu'elle prenait soin de lui lancer - permit de lui faire quitter du regard les volutes de fumée qui quittaient la tasse entre ses doigts. L’œil bleu-nuit de l'adolescente brilla d'une haine certaine. Arabelle venait de glisser dans son esprit un doute : la professeur de la Luxure aurait-elle un autre intérêt que celui d'avoir une liaison avec son père, en étant aussi proche de lui ? Visait-elle la direction de l'Ecole plutôt que le Directeur ? Si c'était réellement le cas, elle méritait bien plus de souffrances que Nix ne pourrait jamais lui en offrir. Les doigts fins et princiers de la jeune fille frémirent de cruauté, appelant au sang, à la souffrance, à la mise à mort de cette professeur. La Duchesse n'avait pas tort, il y avait probablement quelque chose de plus qu'une simple boulimie de sexe de la part d'une femme de petite vertu. Il y avait le pouvoir. Son père ne pouvait qu'être un aller simple vers la puissance, vers la force pure... Eva Eden était intéressée non pas par Caliban, mais par le Directeur. Et si la jeune fille ne supportait déjà pas d'imaginer son père avec cette femme qui avait une liaison avec presque tous les hommes de cette Ecole, songer un instant qu'elle ne le voyait pas comme un homme mais comme une place à prendre effaça le minuscule remord qu'elle avait encore à passer ses nerfs sur cette femme.

Elle releva la tasse pour plonger ses lèvres dans le liquide chaud et, peut-être grâce à ce moyen, calmer un peu ses pensées. Ce n'était pas le moment de se perdre dans une envie de meurtre. Ce n'était pas le moment d'avoir envie de tuer cette professeur, qui devait être actuellement en train d'errer dans les couloirs. Contrairement à ce qu'expliquait la sœur de cœur de Nix, l'idée de sombrer constamment dans la fureur n'était pas ce qu'elle jugeait de plus intelligent. Il fallait du sang froid, aussi, suffisamment de sang froid pour préparer un meurtre parfait. Et le sang froid, la demoiselle allait le chercher dans le thé qui accueillit ses lèvres avec douceur. La chaleur qui entrait dans sa gorge, pour y sombrer, avait quelque chose d'envoûtant.

Quand la Duchesse parla de soutien, elle parvint à sortir la fille du Directeur de ses pensées, pour lui faire relever de nouveau la tête. Si les réaction de Nix s'étaient à peine vues sur son visage, mis à part à l'évocation d'Eva et à l'idée de recevoir du soutien, il était évident que ce discours ne l'avait pas laissée de marbre. Elle posa la tasse encore à moitié remplie sur la table basse, pour se libérer les mains, qu'elle posa sur les accoudoirs du fauteuil.


-Vous avez raison, je devrais faire tout cela. J'aimerais beaucoup le faire.


Bien sûr, elle n'allait pas contredire quelqu'un qui partageait ses opinions. Au contraire, elle lui sourit, simplement, sans aucune marque de cette cruauté qui la faisait soudainement vibrer des pieds à la tête. Ce n'était pas le sang d'Arabelle qu'elle réclamait, c'était celui de la professeur de la Luxure. Il n'y avait donc aucun besoin de se montrer plus agressive que nécessaire. Plus tard, par contre, elle saurait montrer à son ennemie ce qu'elle pensait de ses manières d'approcher son père, et de se comporter avec lui. Elle voulait comprendre, elle voulait être certaine qu'elle et la Duchesse ne se trompaient pas. Peut-être ferait-elle mieux d'en parler tout d'abord à son père, d'ailleurs.


-Cependant, je connais mon père, je sais déjà qu'il va s'opposer à ce que je montre à tous le poids de mes décisions. Je ne crois pas qu'il pense à mal, je pense qu'il veut me protéger des éventuelles jalousies.


Et elle n'avait probablement pas tort. Nombreux seraient ceux qui verraient une telle situation d'un mauvais oeil. Elle avait suffisamment d'ennemis comme cela, non ? Et elle risquerait de ne pas être aussi tranquille qu'elle le voudrait, dans les couloirs de cette Ecole.

-Et il n'en a pas l'air, comme cela, mais il est très difficile à convaincre, sur certains points... Enfin, surtout quand il y a des risques pour moi. Je vous avouerai que je lui ai déjà parlé... de faire de moi son assistante, par exemple. Mais il refuse. Catégoriquement... Il ne doit probablement pas voir le risque amené par certains membres de son équipe éducative, pour ne pas me faire confiance à ce sujet.

Elle esquissa une petite moue charmante, et désolée, puis reprit sa tasse de thé qu'elle vida avant de reprendre la parole.

-Tant que je ne saurai pas mettre fin à ses craintes, je demeurerai une élève...

La phrase resta en suspens, bien sûr, puisqu'elle ne pouvait pas se permettre d'aller ainsi jusqu'au bout de son idée... jusqu'à ces mots qui souligneraient que c'était ce qu'il y avait le mieux, que tant qu'elle ne pouvait pas rassurer son père, elle ne méritait pas totalement de le seconder.
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MessageSujet: Re: Invitation Aristocratique   Invitation Aristocratique EmptySam 26 Avr - 23:12

Quelques seconde plus tard, quelqu'un arrivera. Une jeune fille au long cheveux d'or l'air gracieuse portant pourtant l'uniforme d'un serviteur, sauf que là, c'est une femme. La jeune femme semblait timide et n'osa pas vraiment oser la voix et pourtant il le fallait bien. Un papier entre ses doigts fins et tremblant, la jeune femme approchera d'Arabelle et de Nix, mais pas trop proche. Elle s'inclinera légèrement par respect et aussi pour saluer. Elle s'éclaircit un peu la voix, une vois douce et clair et même mélodieuse.

Veuillez m'excusez, mais j'ai un message de Monsieur Leviaz...

Elle fera une pause, comme si elle avait peur qu'on lui hurle dessus, mais une jeune fille aussi fragile ne pouvait que, face à deux jeune femme aussi puissante, avoir peur et surtout être gênée. Doucement, alors que le bruit de papier froissé se fit entendre, elle ouvrira lira le message inscrit, qu'elle avait surement recopier pour être sur de ne rien oublier ou, et, de se tromper.

Votre père vous réclame de toute urgence Mademoiselle Leviaz..

La jeune fille se mettra ensuite sur le coté pour montrer du bras la sortie. Dans ses gestes, rien de vulgaire ou d'inhospitalier, juste qu'elle pense que Nix va la suivre suite à ce message. La jeune femme s'inclinera face à Arabelle et Nix avant de prendre le chemin vers la sortit, se doutant que la jeune femme concernée la suivent pour rejoindre son papouné chéri. posant ses yeux sur Nix avant de s'incliner à nouveau

Au revoir Mademoiselle Leviaz, faites attention sur la route.

Suite à cela, la blondinette retourne a ses moutons. Juste polie, elle pourrait se casser une jambe, à vrai dire elle s'en fiche
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