Tel Père, telle Fille ?

[HRP : ce sujet, au-delà d'avoir pour titre un jeu de mot assez... euh... bref XD. A part le jeu de mot difficile à remarquer, est privé entre Nix et Caliban. Oui, je sais, ça fait un peu lamentable de jouer avec soi-même... mais j'ai des choses à mettre en place pour vous, par la suite, et je pense que c'est aussi une bonne occasion de mettre en évidence le lien père/fille dans la même occasion.]

[HRP2 : Sont après manger, le 10 octobre.]

Elle posa sa main sur le panneau capteur de chaleur et détecteur d'empreinte digitale, puis présenta son oeil au dernier capteur. Un déclic face à elle, un sourire, Nix allait voir son père. Ils allaient même passer une soirée ensemble, et c'était parfait. Encore vêtue de son uniforme, elle tenait dans sa main un paquet cartonné tout droit venu des cuisines, et une bouteille de thé glacé à la pêche. Ses cheveux blonds détachés voltigeaient à côté de son visage calme et agréable, au fur et à mesure de ses mouvements.

-C'est moi !

Et son sourire s'agrandit. Son père allait sortir de son bureau, comme à chaque fois quand elle venait après une longue journée de travail pour lui. Souvent, comme ce soir-là, il ratait le repas, et se contentait de manger un plat réchauffé dans son appartement. Elle cherchait à lui changer les idées, et tout se passait pour le mieux. Elle aimait le voir sourire. pas comme ces sourires qu'il montrait aux élèves durant les cours ou quand il les croisait dans les couloirs. Elle n'appréciait pas plus qu'un autre ces airs inquiétants, des airs qu'elle imaginait parfaitement sur le monstre Leviathan, dans les livres qu'elle avait lu sur le démon de l'Envie. Son père était fait pour une autre vie, son père était fait pour avoir l'air plus naturel, moins torturé. En cela, elle rejoignait l'avis de sa mère, sans le savoir. Peut-être aussi, plus terrible encore, l'avis de la professeur Eden, cette poufiasse.

Ceci dit, cela faisait cinq minutes qu'elle restait plantée dans le couloir, après son "c'est moi". Elle plissa le regard, observa à travers la porte du bureau, à travers les murs de la chambre, à travers ceux du salon... tous les appartements passèrent sous son oeil. Et il n'était pas là.

-Et bien ça, c'est fait... où est-il ?

Nix entra dans le salon de son père, s'affala dans ce canapé qu'elle trouvait si merveilleux, plissa les sourcils, et décida d'observer à travers bien... au pire, elle pourrait reconnaître la silhouette de son père n'importe où. Il était presque le plus grand de cette Ecole. Mordillant sa cravate sous l'effort et la concentration, elle déplaça son regard sur les couloirs de la Tour de l'Envie... rien... rien... ah, et bien elle avait regardé trop loin. Il arrivait.

Elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir, bondit sur ses pieds, son sourire charmant aux lèvres.

-J'ai failli m'inquiéter, t'étais où ?

La demoiselle Leviaz avait passé sa tête par la porte du salon entrouverte, avec un sourire malicieux.

-Je me suis procuré les pops corns et la boisson, comme tu m'as demandé. Ca n'a pas pris longtemps, tu sais, j'aurais largement pu t'aider en fin de journée à ton travail. Je peux toujours t'aider. Tu pourrais faire de moi ton assistante, non ? Je ne crois pas que qui que ce soit puisse apprendre aussi vite que moi - sauf l'ami Salluste, mais c'est un prof - ce que tu fais. Je connais tous les élèves, j'en sais presque autant sur chacun d'eux que l'Ecole elle-même. Si tu m'apprenais comment faire pour... le Flux. Et bien si je savais comment le créer, je crois que je pourrais te seconder à la perfection. Je sais déjà l'enlever et l'injecter...

Par habitude, le Directeur proposa son oeil de résine, avant de poser sa main sur le second détecteur. Par habitude, il ouvrit sa porte, l'air un peu fatigué. Il se faisait déjà tard, son ventre criait famine, et il espérait que sa fille ait pris de quoi grignoter le temps que son repas tardif se prépare. Au pif, dans l'après-midi, il avait demandé des pops corns. Cela pouvait avoir son charme pour une soirée jeux-vidéos.

Bon, il était un peu en retard, mais cela ne serait probablement pas grave. A peine entré, qu'il se fit noyer sous les paroles de son enfant. Le sourire amusé, il ne montra ni acquiescement, ni refus à tout ce qu'elle lui disait. Elle avait son charme, sa fille. Elle avait ses caprices, qui devenaient petit à petit une forme de détermination plutôt surprenante. Ou pas... cette Ecole avait fait d'elle quelqu'un de suffisamment décidé, quelqu'un de suffisamment fort pour apprendre à diriger.

Il remit un peu en place le col de son polo qui arborait les quelques mots suivants en lettres pseudo-ensanglantées "Mad Scientist for ever ♥ ". Son haut était un peu tâché de cambouis, et de quelques autres matières difficiles à déterminer, mais il avait l'air, lui, plutôt propre. Avec une esquisse de sourire moqueur, il répondit à son enfant :

-Bonsoir Nix, tu as passé une bonne journée ?

Sous-entendu : "avant de me demander des trucs, tu ne pourrais pas dire bonjour ? ". Il alla dans son bureau, pour vérifier l'écran de son ordinateur, derrière ses lunettes violettes, tout en parlant en même temps à la jeune fille :

-Alors, pour répondre à tes questions : j'avais un papier à donner à Miss Eden, et je me suis attardé plus que prévu. Et non, je ne veux pas prendre le risque de te faire assistante.

D'un geste de la main, il récupéra un bonbon qui traînait sur son bureau, et l'engloutit. Ce qu'il pouvait avoir faim, c'était terrifiant.

-Va faire chauffer les pops corns, j'ai un truc à finir, et je suis à toi.

En quelques clics, il avait observé ce qu'il voulait. Il prit un morceau de papier dans un tiroir, commença à gribouiller quelques formules mathématiques qui n'avaient de sens que pour lui-même, puis mordilla le crayon. Un croquis prit rapidement forme à côté des formules.

Il devrait s'occuper de tout ceci le lendemain, il fallait vérifier s'il ne pouvait pas rendre un peu plus vif ce chargeur nucléaire. Certaines personnes attendaient qu'il face de son invention une arme redoutable... si elle prenait trois siècles pour se charger, ce n'était pas une bonne invention. Ceci dit, cela ne serait jamais une bonne invention et il pourrait toujours faire mieux, à son grand désespoir. Mais il n'avait pas non plus l'année pour faire cette commande. Caliban se promit cependant de chercher à refaire la même chose en mieux pour sa force armée à lui...

-Je vais me changer, je sens le tank de tout à l'heure... enfin, mes fringues sentent le tank.

Et hop, le voilà dans sa chambre, en train de fouiller dans ses armoires, pour chercher des habits confortables pour une soirée privée. Un t-shirt moulant à manches longues estampillé "geek" pour haut, et un pantalon de sport pour bas, c'était parfait. Surtout que s'il avait bien compris l'idée de Nix, ils allaient devoir jouer à la Wii qu'elle avait commandée pendant les grandes vacances. Autant être à l'aise, parce qu'il perdait un peu trop souvent à son goût face à elle. Et il ne faisait même pas exprès, à son grand regret.

La joie de revoir son père fut rapidement effacée par l'évocation d'Eva. La jeune fille, au visage si parfait et si agréable, s'engagea dans une moue désapprobatrice. Elle croisa les bras, dans un froissement de sa veste, soupira en voyant son père se diriger vers son bureau. Adossée contre la porte qu'elle venait de fermer derrière elle, Nix murmura :

-La journée avait très bien commencé, mais je doute qu'elle soit si parfaite, comme je viens d'apprendre qu'avant de passer une soirée avant moi, tu as pris le temps de culbuter la pétasse de service.

Elle marqua un très léger silence. Probablement pour bien souligner la façon dont elle appelait la professeur de la Luxure.

-Je sais ce que tu penses, que je suis désagréable avec elle, mais elle te fait du mal. Tu ne t'en rends pas compte, mais elle te détruit. Alors que la plupart des personnes de cette Ecole lui passe dessus, ok, je m'en balance. Que toi, elle te traite comme les autres, non. Je ne peux pas. Alors si tu n'es pas capable de t'en défaire, ça se fera par la force.

La demoiselle rouvrit la porte du salon, et entra, quand elle reçut l'ordre de préparer les cochonneries à manger. Un micro-onde était dissimulé derrière un pan de mur, qu'elle mit en marche, écoutant patiemment les bruits de maïs qui éclataient, ce qui lui rappelait vaguement des coups de feu... lointains, certes, mais il y avait de cela.

-Pourquoi refuses-tu que je sois ton assistante ?

Nix sortit un verre du vaisselier installé non loin d'elle, puis le remplit de la boisson sucrée qu'elle avait ramenée de la cuisine. La bouteille rangée dans le réfrigérateur, elle sortit un saladier pour y mettre les pops corns qu'elle n'avait pas ratés, pour une fois - le temps de cuisson était tellement aléatoire qu'elle avait du mal - .

-Tu sais que je ne vais pas lâcher le morceau, qu'on va finir par s'engueuler, et tout... tu ne penses pas qu'on devrait éviter d'en arriver là, et que je mérite ce rôle ? Mets-moi à l'épreuve si tu veux. Je sais que j'en suis digne, avec tout ce que j'ai appris grâce à toi. Les autres ne nous arrivent pas à la cheville.

Un pop corn termina sa courte vie dans la bouche de la jeune fille, qui posait le saladier sur la table, le regard plissé. D'un geste maniaque, elle chercha à rendre la présentation, du saladier et des deux verres, la plus parfaite possible. Et puis elle se débarrassa de sa veste en revenant dans le couloir où elle la posa méthodiquement sur le porte-manteau. Tout avait une place, pour Nix, et il fallait le respecter. Cependant, en parlant de places, sa vision du monde n'était pas forcément la meilleure. Elle ne s'en rendait pas compte, bien sûr. Elle ne savait pas que vivre au Val en tant qu'héritière de l'Ecole troublait plus que nécessaire son regard d'enfant.

-C'est prêt.

Annonça-t-elle en revenant dans le salon de son père. Son oeil bleu-nuit ressortait à la perfection, impérial. Vêtue de blanc, de noir, et d'une cravate jaune qui répondait à l'or de ses cheveux, elle semblait avoir un uniforme fait uniquement pour la mettre en valeur.

Caliban sortit de sa chambre avec un regard un peu désespéré. Bon, au moins, sa fille était parfaitement consciente de ce qu'il pensait de sa façon d'être avec Eva Eden. Il savait qu'elles ne se supportaient pas, et cela ne lui plaisait pas. En grande partie parce que sa fille ne devait pas tout savoir de sa vie privée... Sincèrement, ce n'était pas à elle de s'occuper de ses aventures avec la professeur de la Luxure. Il ne savait pas depuis combien de temps elle le savait, précisément, et ce n'était pas cela l'important.

Enfin, il n'avait pas le courage de relever la menace que la demoiselle avait laissé traîner. Ce n'était ni la première, ni la plus importante. Et il avait déjà fait tout ce qu'il pouvait pour calmer cette histoire... en vain. Nix était très têtue.

Il posa son regard sur la jeune fille, en entrant dans le salon. Un regard dur, sévère. S'il fallait faire preuve d'autorité, il saurait comment faire, ce n'était pas le problème. Le Directeur s'installa sur le canapé à côté de sa fille, prit le verre qui lui était réservé, puis la fixa de son unique oeil vif. Oeil dans l'oeil, ils pouvaient entamer des discussions particulières, silencieuses. Ce n'était pas de la télépathie, c'était la complicité de deux êtres qui étaient tout l'un pour l'autre.

-En parlant de chevilles, ça va, les tiennes, elles se portent bien ? ... Enfin bon, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu l'argumentation du "tu sais que tu vas finir par me donner raison, alors pas la peine de se prendre la tête". Mais je sais ce que je dis. Et j'ai dit non.

L'oeil de l'homme devint encore plus sombre, encore plus terrifiant, aussi, même s'il savait que son enfant ne se laissait pas facilement impressionner.

-Pour une fois, ne cherche pas à argumenter. Et arrête de dire que nous sommes supérieurs. Tu sais bien que je ne suis personne.

Il le pensait sincèrement. Il n'était personne. Il n'était que l'ombre de ce qu'il désirait être, et Nix n'avait pas tort, au fond : quand il était avec Eva, il ressentait cela bien plus que d'habitude. Il n'était qu'un homme parmi tant d'autres. Même pas, il était moins qu'un homme, moins que son propre reflet. Nix n'allait hériter que de ses recherches. Cela lui faisait mal au coeur, en quelque sorte. Il aurait voulu lui offrir un nom parfait, aussi.

Mal à l'aise suite à ses propres pensées, il s'affaissa quelque peu dans le canapé, en évitant le regard de son enfant. Il prit une poignée de pops corns dans ses mains magnifiques, imparfaites à son propre regard, but une gorgée de thé glacé, qui ne glaça pas plus son âme qu'elle ne l'était déjà, et baissa le regard.

Finalement, aux yeux de son père, Nix était une bien pauvre enfant, obligée de subir la présence d'un père qui ne la méritait pas. Il aurait voulu disparaître pour cela. S'effacer pour qu'elle puisse mieux briller. Il ne la sentait pas arrogante comme les autres pouvaient bien le souligner. Non, il savait qu'elle avait d'énormes qualités pour être une meneuse. Caliban savait aussi que sa fille était consciente de posséder ces qualités.

-Enfin bon... on joue à quoi ?

Le père changeait volontairement de sujet, pour ne pas inquiéter Nix... il n'avait pas besoin de la mettre mal.

Le regard de Nix se fit assassin. Peut-être parce qu'elle venait de se faire jeter par son père, peut-être parce qu'il venait de lui dire qu'elle n'avait pas une argumentation suffisamment bonne pour le convaincre... ou parce qu'il venait de terminer sa phrase par "je ne suis personne", ce qui, pour elle, était presque de l'hérésie.

Bien sûr que non, il n'était pas personne ! Il était un Dieu, il était le maître de la Nature ! l était son exemple, celui qui lui avait tout donné et qui avait encore tant de choses à apprendre. Comment quelqu'un d'aussi puissant que lui, comment un génie comme son père, pouvait-il seulement songer à n'être personne d'important ? Qui pouvait lui donner de telles idées ?

Au fond, elle connaissait la réponse. Elle savait que le mal qui rongeait son père n'avait qu'un nom : l'Envie. Elle savait que tant qu'il se laisserait brûler par un tel Péché, tant qu'il serait ce homme de désir, il se ferait du mal. Mais elle voulait le protéger, elle voulait lui faire comprendre qu'il valait mieux que les autres. D'habitude, les génies avaient une telle confiance en eux que rien ne semblait les briser, et leur confiance en eux les portait à l'Orgueil. Son père, Caliban Leviaz, n'était pas certain de ce qu'il faisait, et avait cette tendance à ne jamais être fier de ses créations. Alors, au fond, il ne pouvait que se dépasser, constamment. Il cherchait à vaincre les lois de la Nature, il y arrivait bien souvent, d'ailleurs, sans jamais s'en contenter.

Et elle aurait pu être fière d'un père qui n'aurait jamais de limites. Elle pourrait, oui, si elle n'était pas consciente d'autre chose : il y avait toujours, au fond, des limites. Toujours le moment fatidique où la réalité reprenait ses armes, où cette science, cette alchimie qu'il manipulait comme le plus merveilleux des arts, perdait sa force et se heurtait à un mur. Il y aurait, fatalement, l'instant où son père ne pourrait plus avancer. A moins que celui où il n'aurait plus que lui-même comme adversaire ne vienne trop rapidement.

Nix s'approcha du corps honteux de son père, pour l'enlacer de ses bras, et poser sa tête contre son torse, l'oeil clos. Elle profita de sa chaleur, de cette espèce de force qui grondait en cet homme, constamment, puissamment. Elle était toujours heureuse, près de lui, même s'il l'inquiétait de plus en plus souvent. Elle était fière de l'avoir pour père, elle devait le lui dire, elle devait partager ce sentiment de fierté, cette impression de n'avoir aucune limite près de lui. Et peu lui importait que la rage créatrice de cet homme s'éteigne en même temps que son Envie, ce n'était pas l'important. L'important, c'était que s'il continuait à se battre contre lui-même, avec cet art de la destruction qui le caractérisait tant, il se porterait à sa propre mort.

Leurs morts, puisque jamais elle ne saurait vivre sans lui.

-Arrête tes conneries, tu es Dieu, Papa.

Elle glissa sa main sur la joue de son père, pour le forcer à la regarder. Leurs yeux, bleus, se fixaient l'un l'autre avec une intensité qui lui plaisait. Bien sûr, la jeune fille savait ce que son père allait lui dire. Que non, il n'était pas Dieu, tout ça, tout ça. Elle avait l'habitude. Trop.

-Regarde ce que tu sais faire. Tu peux améliorer les êtres humains. Je sais ce que tu penses, il y a des ratés dans tes recherches, mais dans l'ensemble, tu y arrives à la perfection. Tu peux rendre le corps humain plus puissant, tu es en train de te créer une armée que personne ne pourra arrêter !

Nix reposa sa tête contre le torse de son père.

-Mais tu n'as pas confiance en toi, et cela peut autant briser tes recherches que les avancer. Alors je vais te faire part d'une idée que j'ai eue... injecte-moi un autre Flux, je suis volontaire pour être ton cobaye.

Cela arrivait souvent, pendant leurs soirées jeux-vidéos, qu'un sujet de conversation les entraîne pour parler totalement d'autre chose. Souvent, le sujet se posait sur sa femme, sur la mère de Nix. Il leur était arrivé de parler pendant des heures d'elle, sans jamais s'en ennuyer. Cette fois-ci, Nix était entrée dans cette pièce avec des idées qui n'étaient pas forcément les meilleures.

Qu'elle veuille être assistante, passait encore. Après tout, elle n'avait pas tord, c'était déjà le cas, officieusement, il ne suffisait pas de grand chose pour faire savoir à tout le monde qu'elle avait le rôle de conseillère du Directeur, et qu'elle passait son temps à être à sa disposition. Mais il avait ses raisons de refuser, les mêmes que celles pour refuser un élève qui revenait sur sa décision d'entrer dans le Val, les douze ans passés : cette Ecole était dangereuse, et il y avait toute une partie d'élèves qu'il vaudrait mieux éviter de rendre jaloux. Et Nix suivait déjà le nombre maximum de cours, il ne voulait pas la surcharger.

Elle se rapprocha de lui, alors qu'il pensait à son propre refus catégorique. Il aurait peut-être mieux fait de lui expliquer pourquoi il avait réagit ainsi. Il la serra contre lui, avec un doux sourire. Cela ne le dérangeait pas de se sentir si proche du seul être de sa famille avec lequel il avait des vrais contacts. Il déposa un baiser sur le front de son enfant, lui sourit doucement, plongea son regard dans le sien, avec un naturel, une habitude qui ne leur appartenait qu'à eux.

Et puis elle lui dit ce qu'elle avait l'habitude de dire, avec une ferveur presque inquiétante. Il était sur le point de lui répondre qu'elle se trompait, mais elle enchaînait les mots avec une habilité remarquable. Et elle finit par une proposition effrayante.

Un frisson parcourut l'échine du Directeur de l'Ecole du Flux, qui se redressa quelque peu sur le canapé, s'arracha à l'étreinte de son enfant, et se redressa, comme piqué à vif par un insecte des plus mortels.

-Tu es folle.

Il passa une main dans ses cheveux blancs, les plaquant en arrière, son regard pâle se posant sur les traits de sa fille. Il avait l'air de paniquer, ses mains s'attardant sur les arrêtes de quelques meubles de la salle, ses pas vifs l'entraînant d'un bout à l'autre du salon. Si elle voulait le voir réagir, si elle voulait lui faire peur, elle avait réussi.

-Je... Nix, voyons, je risque de te tuer.

Oui, il était essentiellement là, le problème. Risquer de tuer son enfant avec de telles expériences, il ne pouvait pas le faire. Il ne pouvait pas se résoudre à prendre une telle décision.

-C'est dangereux. C'est terriblement dangereux. Je ne peux pas essayer ça sur quelqu'un... encore moins sur toi. Imagine que le mélange des Flux soit des plus instables, imagine que...

Que quoi ? Que ça explose ? Qu'elle en tombe raide morte ? Ou tout un tas d'autres solutions qui lui traversaient l'esprit.

C'était une mauvaise idée. C'était une très mauvaise idée. Il ne pouvait pas faire cela à sa fille.

Le câlin avec son père avait été court. Il s'était détaché de son étreinte comme on quittait quelque chose d'effrayant. Pas déstabilisée (rha, j'ai du me reprendre à 5 fois pour écrire ce foutu mot XD) pour autant, Nix posa ses pieds sur la table basse, et récupéra une poignée de pops corns. Elle écoutait son père avec ce qui aurait pu paraître de l'arrogance. Mais c'était là une certitude d'avoir raison.

-N'est-ce pas la folie qui pousse les hommes à faire des grandes choses ?

Elle le suivait du regard, attentive au moindre de ses gestes. Il suintait le mal-être, pas besoin d'un regard surnaturel pour le savoir. Et dans cet état, il lui donnait une douleur presque physique. Elle ne pouvait pas le supporter. Alors, Nix quitta son air angélique pour baisser le regard. La tristesse prit possession de son âme, tout d'abord... et puis la colère.

Elle se leva, à son tour, mais contrairement à lui, elle ne bougea pas. Droite, puissante, peut-être, inébranlable. La demoiselle avait quelque chose de particulier, quelque chose d'inhabituel pour les autres. Et ce malaise qu'elle pouvait aisément faire ressentir aux autres était du à la violence de ses propres sentiments. Violence entre l'envie d'aider son père de le rendre heureux, et une colère qui s'insinuait en elle... peut-être pour rien, peut-être sans raison.

-Tu as besoin de cobayes pour avancer dans tes recherches, Papa. Tu dois oser. Alors je me propose pour t'aider... Tu m'as donné la vie, je veux bien prendre le risque que tu la reprennes. Et imagine, si cela fonctionne, nous serons deux à en être grandis.

Ceux qui ne la connaissaient pas auraient pu souligner qu'elle ne recherchait que le pouvoir, mais c'était faux. Terriblement et parfaitement faux. Elle voulait réellement l'aider, réellement lui offrir sa vie pour le grandir. Elle l'avait déjà fait avec un de ses yeux, avec la fierté d'avoir accompli ce geste, elle pourrait le refaire. Sans une once de regret.

-Je sais que cela t'intéresse. Je ne te demande pas de réponse immédiate. Simplement, réfléchis-y un peu. Pèse le pour et le contre, je t'en prie. Et puis... autre chose... Moi, je veux t'aider, mais évite de trop t'approcher de ceux qui veulent te détruire. Il y en a dans cette Ecole. Il y a ceux que tu sais contrer, oui, mais il y a aussi cette Eva.

Non, Nix Leviaz ne perdait jamais le Nord.

-Je sais que tu ne me crois pas, mais elle va te tuer, elle va te pousser à te détruire. Je te connais suffisamment pour le savoir. Tant qu'elle ne sera pas capable de te traiter comme tu le mérites, je refuse que tu t'en approches. Et n'évite pas le sujet, s'il te plaît. La politique de l'autruche, c'est pas ce que tu m'as appris. On doit faire face au danger et le détruire, non ?

Oui, elle était en train de proposer de détruire Eva Eden. Clairement et simplement. Cette femme ne méritait pas de vivre. Elle était trop proche de son père, elle n'avait aucun intérêt à agir ainsi avec lui... alors la jeune fille ne pouvait plus la voir en vie. Nix était prête à tout pour la faire disparaître.

Elle s'approcha de la télévision, avec un regard décidé. Son index frôla le bouton power de la console de jeux-vidéos, et elle agrippa une manette.

-Si tu ne veux pas m'écouter, écoute ton propre esprit. Je suis à ta disposition. Et j'ai envie de jouer aux Lapins Crétins, pour répondre à ta question.

Sa fille savait être terrifiante. Parfaitement effrayante, oui, dans cette sorte de ferveur qui la poussait à le soutenir. Elle voulait s'offrir à lui pour ses recherches. Elle voulait donner sa vie à celui qui lui avait offert le monde. Et comment réagir ? Comment réagir alors que son amour de la science lui demandait d'essayer, et que son amour pour son enfant rejetait cette possibilité de se servir encore une fois d'elle comme cobaye ?

La première fois, cela avait été un échec. Il avait voulu échanger leurs yeux, elle avait accepté, avec cette même lueur dans le regard. C'était de l'adoration, c'était le regard de quelqu'un face à un être divin. Il n'était qu'un homme. Il voulait qu'elle le comprenne, qu'il n'était qu'un être humain. Caliban en était encore à faire les cent pas dans le salon, passant régulièrement autour de sa fille, les sourcils froncés. Comment lui dire qu'elle se trompait, mais qu'elle l'intéressait tout de même ?

Parce qu'il y avait, en effet, la possibilité que deux Flux ne se supportent pas, et que cela se solde par un échec. Mais il y avait aussi celle qu'ils s'accordent l'un à l'autre, et que les capacités de l'infecté n'en soient qu'améliorées. Peut-être même qu'il tenait la solution pour combattre le rejet. Peut-être que l'idée de Nix serait une avancée considérable.

Mais il ne pouvait pas essayer. Caliban Leviaz ne pouvait pas se résoudre à perdre sa fille. Ou même à risquer de le faire. Il imaginait peut-être les solutions les pires, mais ces-mêmes solutions étaient, à ses yeux, les plus probables.

Elle mit fin aux pensées de son père en parlant d'Eva. Il eut un air bien plus sévère, entre l'agacement pour ce sujet de conversation qui revenait trop souvent à son goût, et celui de savoir que sa fille était parfaitement au courant de ses rapports avec la professeur de la Luxure. Bien sûr, il fallait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte, mais tout de même... elle les avait probablement vus, avec son pouvoir, et cela avait quelque chose de terriblement gênant.

-Nix, c'est aussi à toi d'écouter.

Le Directeur était arrivé face à son enfant, le sourire rassurant aux lèvres, il lui posa ses longues mains sur les épaules.

-Cette histoire avec Eva n'est pas la tienne, et je sais me débrouiller. Je sais ce que je fais, d'accord ? Alors ne me demande pas de lui faire quoi que ce soit. Et si tu as quoi que ce soit à lui faire remarquer, tu y vas, et tu lui parles poliment. J'aimerais que tu arrêtes de l'agresser dès que tu la vois, tu devrais te rendre compte que cela ne sert strictement à rien.

Il récupéra une manette de Wii, puis fronça vaguement les sourcils.

-Pourquoi choisis-tu à chaque fois les jeux auxquels je suis doué comment un manche à balais ?

Il avait accepté de changer de conversation, visiblement... Ou pas.

-Je réfléchirai, mais je n'ai pas envie de te perdre, donc... la réponse sera négative, je pense.

Caliban accorda un sourire complice à sa fille, puis choisit le Lapin Crétin à l'air le plus crétin de ceux qu'on lui proposait.

-Ca va chier...

Et non, le téléphone décida de sonner dans le bureau, alors qu'il n'avait même pas terminé sa phrase. Il déposa la manette, prit son verre, et fit signe à sa fille de l'attendre. Arrivé dans son bureau, bien installé sur son fauteuil, il décrocha...

Nix avait su esquisser une petite moue peu approbatrice au sujet de ce que lui demandait son père. L'écouter, ou plus exactement rester polie et agréable avec Eva Eden, c'était pas ce qu'elle comptait faire. même pour les beaux yeux de son père, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Pas question de lui montrer une quelconque sympathie. Même s'il n'avait pas tord, puisque plus elle se montrait dure avec cette femme, plus celle-ci cherchait à la mettre à genoux.

Bon, ok, elle essayerait de lui parler gentiment, sans la tuer. Cela serait très compliqué, mais avec un peu de courage, cela pourrait se faire. Et pendant ce temps-là, son père avait l'air plutôt décidé à réfléchir, lui aussi. Il dirait peut-être - probablement - non, comme il le laissait déjà sous-entendre. Mais Nix Leviaz était au moins contente de voir qu'il portait une certaine attention à son point de vue. Ce n'était pas à oublier. Au contraire. Il allait faire des recherches, il allait se poser des questions, et peut-être que le Directeur de cette Ecole parviendrait à avoir des élèves encore plus puissants. Et qu'elle serait la première d'entre eux.

Suivant son avis, son père retourna à leur occupation première de la soirée, du moins à ce qu'ils avaient prévu tous les deux. Autrement dit, il accepta de diriger la conversation sur le jeu qu'elle avait mis en route, et il avait même décidé de quel lapin-avatar il allait se servir. Très bien. le reste de la soirée, elle le passerait sans lui proposer quoi que ce soit. Elle préférait que les idées déjà exposées germent dans le cerveau fécond de son père, et fassent le chemin qu'il voudrait bien le leur donner. Quoi qu'il puisse choisir, elle ne lui en voudrait pas. Elle le respecterait toujours. C'était son père, c'était Dieu.

Avec un sourire amusé, elle choisit elle aussi son Lapin Crétin, prête à débuter une partie, mais... mais voilà que le téléphone du bureau se fit entendre. Déçue d'être ainsi coupée, elle eut une petite moue désolée, en suivant son père du regard. Bon, bah tant pis, elle pouvait bien attendre encore un peu. Elle se dirigea vers l'armoire à côté du four à micro-ondes, pour en tirer un plat à réchauffer. Nix voulait nourrir son père, elle savait qu'il serait très content de voir son repas à son retour.

Ceci dit, elle était curieuse, aussi, et c'était très rare que quelqu'un appelle le Directeur de l'Ecole du Flux à une telle heure. Une urgence ?

Elle sortit du salon, laissant le micro-onde faire son boulot de micro-onde - traduction : "viouuuuuuu" avec de la lumière et "chting" à la fin des minutes demandées - , et se planta dans le bureau, assise sur le fauteuil en face de son père, attentive au moindre bruit.

-Qui est-ce ?

Oui, elle voulait savoir. Elle avait ouvert un cahier devant elle, tenait un crayon, prête à noter tout ce que son père lui dirait... au cas où. C'était forcément important, à une heure pareille.

[HRP : avant-dernier message du sujet... Twisted Evil

. Si quelqu'un suit et est quelque peu intrigué, les persos de la F.I. peuvent être des PJs, si je suis certaine que vous avez un bon niveau de rp, et que vous n'allez pas disparaître du jour au lendemain XD. Donc faut me le demander et être motivé.]

La voix au bout du téléphone de Caliban devait être en train de lui énoncer des choses bien graves, puisqu'il fronçait constamment les sourcils, dans une expression encore plus sévère qu'il en avait l'habitude. Le Directeur du Flux était en pleine réflexion, jouait du bout des doigts avec un stylo, acquiesçait la plupart du temps par des « Hu-hum » et des « je vois » et jouait avec ses lunettes violettes, qu'il retirait de son nez, remettait, retirait, léchait les branches, et autres occupations diverses et variées.

-C'est la F.I., Nix.

Avait-il simplement dit à sa fille, utilisant les initiales de ce qui était à l'autre bout du fil. Cela parlerait certainement à son enfant. Lui, il se contentait de s'occuper les lèvres, tout en réfléchissant activement à ce qu'on lui disait.

-Je ne pense pas que prendre la fuite dès maintenant soit une bonne idée.

Il alluma l'écran de son ordinateur, plaqua le téléphone entre son oreille et son épaule, puis se mit à taper sur le clavier à une vitesse qui trahissait l'habitude et l'assurance. Il évitait de croiser le regard de son enfant qui devrait avoir l'air très inquiète.

-Vous comprenez, l'enjeu est très important... et puis, avec tout ce qui a été fait jusqu'ici...

La voix s'excita quelque peu, plus forte, on pouvait entendre, entre autres, des mots comme « dangereux, fou, inconscient, risqué », champ lexical peu rassurant en soi. Caliban gardait une sorte de calme inébranlable, cliquait, tapait sur le clavier, et ne s'arrêtait que pour remettre ses lunettes en place, ou pour les baisser un peu, toujours avec la même rapidité.

-Non, nous avons encore une chance, je peux vous trouver des renforts, ou lancer une offensive sur un autre front, mais je refuse que la solution de la fuite soit choisie... Mais bien sûr qu'elle partage mon avis, quand je vous dis que vous devriez l'écouter, ce n'est pas pour le plaisir de faire entendre ma voix !

Il tapota sur le bureau, agacé.

-Avec vos hésitations, nous perdons du temps précieux, et vous le savez ! Si elle est à la tête de la F.I., ce n'est pas pour rien. Elle sait ce qu'elle fait, elle sait où vous devez aller, probablement mieux que chacun d'entre vous ! ... Quoi ? ... Quoi ??? ... Passez-la moi !!!

Il jeta un regard noir à sa fille, qui, pourtant, n'avait rien fait.

-Qu'est-ce que je viens d'apprendre ? Tu as laissé la direction à ce type qui manque d'assurance en lui ? ... Ne me renvois pas mes réflexions à la figure, s'il te plaît, ce n'est pas le moment... Non, je ne suis pas énervé, je suis inquiet pour vous... Bah bien sûr... C'est ça. Et bien au lieu de jeter tes responsabilités sur le dos des autres, ce serait mieux de les partager, avant de faire n'importe quoi... Non, pas le temps d'être plus agréable.

Il soupira. Caliban observa l'écran de son ordinateur, qui laissait maintenant apercevoir le plan d'un bâtiment... ou d'un labyrinthe... ou d'une ville. Bref, difficile de le savoir, surtout que toutes les informations qui se trouvaient dessus se résumaient à des chiffres... et à un voyant lumineux rouge, installé sur le côté droit du haut de l'écran.

-Je suis bien obligé de vous envoyer des renforts, maintenant. Est-ce que vous pouvez vous mettre à l'abri pour un petit moment ? Je te contacte dès que j'ai des nouvelles de l'autre équipe... Oui, je sais, mais je préférerais éviter d'en arriver à une telle extrémité... Je sais... Oui... D'accord. Essayez d'aller plus au Sud, normalement, le chemin est plus sûr, vous pourrez atteindre un hameau dans quelques jours... Blessé ? Ah. Vous n'avez rien pour les premiers soins ? ... Mince... J'ai peur que l'abandonner soit la meilleure solution. On ne peut pas risquer de tous vous perdre pour quelqu'un d'à moitié mort... Désolé.

Le Directeur passa une main dans ses cheveux, les yeux baissés sur les lettres de son clavier. La voix féminine du téléphone parlait depuis quelques instants. Il souriait doucement, malgré la tension, comme charmé.

-... oui, moi aussi. Je te passe Nix.

Il tendit l'appareil à sa fille.

-Nix, c'est Maman au téléphone. Je crois que tu ne vas pas tarder à pouvoir les faire, tes preuves...

Maman... la femme qu'ils étaient censés avoir tuée, ou un nom de code ?

-La F.I., à cette heure ?

Elle savait qu'il ne lui répondrait pas, trop intéressé par la conversation. Son père était tendu, et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Elle, elle était prête à écrire tout ce qu'il pouvait lui dire. Elle notait, déjà, l'air de rien, ce qu'elle comprenait. La F.I. avait un problème. Pas compliqué à déterminer, ça, d'habitude ils n'appelaient que très peu, et jamais à cette heure. Les rares fois où ils appelaient de nuit, c'était parce qu'ils s'étaient foutus dans la merde. Et c'était le cas, apparemment.

Nix soupira. Elle était inquiète, oui, pour ces gens paumés. Elle aurait aimé les aider, mais il fallait bien s'avouer qu'elle n'avait pas le niveau pour se lancer seule dans une telle aventure, même si l'envie ne lui manquait pas. C'était encore une enfant.

Elle passa une main dans ses cheveux, pensive. Elle notait ses conclusions, jetait des coups d'oeil indiscrets sur l'écran, reprenait ses notes, et travaillait avec une justesse et une rapidité remarquables.

Son père s'énervait. Décidément, la situation n'était pas des plus reluisantes. Il était en train de passer ses nerfs sur ce qu'il avait à portée de main. Elle en ferait probablement autant à sa place. La demoiselle laissa son regard s'attarder sur le clavier, puis sur les murs de la salle, perdue dans ses pensées. Elle imaginait les lieux apocalyptiques dans lesquels allait la F.I... Il passa du vouvoiement au tutoiement. Très bien, il parlait à Maman, désormais, et elle devait avoir fait une erreur de jugement, elle aussi, pour qu'il devienne aussi... tendu. Plus encore qu'au début de la conversation.

Impatiente de parler à cette femme, Nix commença à esquisser un sourire malicieux. Elle surveillait les lèvres et la voix de son père, attentive au moindre mouvement et au moindre son. Curieuse, inquiète, et pressée à la fois, la demoiselle paraissait presque terrifiante. Elle reçut ce qu'elle attendait, le téléphone, qu'elle pressa contre son oreille. Pourtant, elle ne répondit pas tout de suite à la voix féminine qui commençait à lui parler.

Son père avait dit quelque chose d'important. Ses preuves ? Quelles qu'elles soient, elle ne manquerait jamais une occasion de les faire. Pour lui, et pour cette Ecole qu'elle allait diriger.

-Oui, excuse-moi, mon père me disait un truc.

Elle baissa ses yeux sur le papier qu'elle avait rapidement noirci quelques secondes auparavant. Son empressement l'avait rendu presque illisible. Mais c'était ce qu'il fallait. Elle avait pris un grand nombre d'informations, qu'elle tendait à son père avec un sourire encourageant. C'était la F.I., avec les renforts qu'il venait de promettre, tout irait pour le mieux.

-Oh, bah moi ça va... mieux, maintenant...

Nix se leva du fauteuil, et quitta la pièce, grâce au téléphone sans fil, après avoir lancé à son père :

-J'ai préparé ton dîner, Papa, je te rejoins tout à l'heure !

L'enfant sourit à son père, doucement. La fin de cette soirée serait parfaite...

[HRP : ... et voilà ^^]